Les conseils d’un recruteur pour trouver son job de sens

Plan de l'article

Le mardi 10 octobre 2017 a eu lieu la table ronde « Comment trouver un job qui a du sens » à la Maison des Acteurs du Paris durable. C’était la deuxième édition suite à l’enthousiasme qu’avait provoqué l’annonce de la première soirée du 21 septembre. La typologie du public était variée : de l’étudiant.e à la personne qui a plus de 20 ans d’expérience professionnelle en passant par des jeunes diplômé.e.s. Cela signifie que certain.e.s envisagent une reconversion professionnelle et d’autres, à démarrer leur carrière dans un emploi vertueux. Qu’entend-t-on par job de sens ? Il s’agit d’une activité professionnelle à impact environnemental et social positif.

Comment trouver un job qui a du sens : les intervenants de la table ronde

  • Chrystelle Baillette, ancienne consultante dans les achats chez IBM. Elle entame sa démarche de reconversion en 2008 pour se lancer dans le maraîchage bio en Normandie, avec un lancement effectif en 2016. Elle est venue pour partager son expérience personnelle, raconter ce qu’elle a vécu, les étapes par lesquelles elle est passée et donner des conseils pour ceux qui souhaitent également changer de voie.
  • Pierre Fournir, responsable recrutement chez Orientation durable, cabinet de recrutement pour les structures de l’ESS et de l’Intérêt général. Il est venu pour partager son expertise du marché sur ce secteur, donner les grands chiffres qui aident à y voir plus clair, apporter l’éclairage « côté employeur ».
  • Ana Souza da Silva, de la Maison des Acteurs du Paris durable, qui organise ce cycle d’événements sur les « jobs de sens ». Elle a elle-même effectué une reconversion professionnelle et avait à cœur de la partager. Issue du milieu de la publicité et du marketing digital, elle a réalisé la fiche pratique « Trouver un job qui a du sens » , qui liste une quinzaine d’organismes en Ile-de-France pour vous aider à constituer un réseau dans ce secteur.
  • Laura Genevois, fondatrice de Mon Job de Sens, structure d’utilité sociale qui accompagne les personnes en quête d’un emploi à impact positif. Avec 12 ans d’expérience dans le secteur environnemental, elle a lancé une offre de bilan de compétences enrichi et engagé. Elle anime la table ronde et donne des conseils aux chercheurs de sens.

En quête d’un job de sens : s’interroger sur ses motivations

En situation d’insatisfaction professionnelle, il est important de bien identifier ses motivations réelles. Quelles sont les racines de ce manque de sens ? Le rythme qui ne convient pas, l’équipe avec qui on ne s’entend pas, la mission sociale de la structure dans laquelle on travaille… Cela peut amener à se demander si l’on souhaite :
  • changer de métier (par exemple, passer de la finance aux ressources humaines et pour cela faire une formation)
  • changer de secteur (par exemple, passer de l’aéronautique au bâtiment, et pour cela élargir son réseau)
  • changer de typologie de structure (par exemple, passer d’une grande entreprise à une association)
  • changer de vie (par exemple quitter la ville)
Avant de tout plaquer et quitter son poste, on peut déjà opter pour une solution intermédiaire afin de profiter d’une bouffée d’oxygène pour y voir plus clair. Cela peut être :
  • Faire du bénévolat en association
Toutes les associations ont des besoins pour lesquels elles n’ont pas forcément de budget ! Pensez à contacter celles dont les enjeux vous touchent et voyez en quoi vous pouvez être utile : traduction de documents, sensibilisation, événementiel, réalisation de supports de communication, gestion de projet…
  • Passer en temps partiel
En ayant par exemple un vendredi sur deux libéré, cela peut permettre de dégager du temps pour une activité qui nous fait du bien, qui nous instruit, ou pour soi tout simplement. Ou pourquoi pas justement du bénévolat ?

Quel rythme dans ma nouvelle vie ?

Quitte à sortir du cadre, autant prendre le temps de se poser toutes les bonnes questions :
  • Est-ce que j’aime travailler dans un bureau ou est-ce que j’ai impérativement besoin d’en être libéré.e ? Est-ce que j’aime alterner les lieux de travail ?
  • Est-ce que je préfère travailler seul.e, en équipe ou varier ? Est-ce que j’aime me déplacer, voyager pour mon travail ? Si oui, à quelle fréquence ? Chaque semaine ou ponctuellement ?
  • Y a-t-il des éléments factuels à prendre en compte pour ma prise de décision : des enfants à charge, un crédit à rembourser, des conditions de santé particulières, un ancrage géographique spécifique, etc.
  • Et nous arrivons inévitablement à la question : quel niveau de rémunération est-ce que j’attends ? Le plus élevé possible n’est pas une réponse ! Il est important que vous ayez un ordre de grandeur du salaire dont vous avez besoin pour vivre correctement. Pour vous faire une idée, voici le baromètre des salaires 2015 réalisé par Orientation Durable.
Ces questions peuvent vous aider à prendre des décisions pour que votre projet final vous corresponde vraiment. Le but n’est pas de trouver le job parfait sur le papier, qui ne colle pas à la réalité de votre quotidien.

Reconversion professionnelle à impact : tester une activité avant de se lancer

Quand on envisage une reconversion professionnelle, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il est important de pouvoir tester différentes options avant de se lancer. Pour cela, des dispositifs formalisés existent, notamment accessibles par Pôle Emploi. Il est également possible de tester une activité de façon non rémunérée (temporairement), par exemple :
  • réaliser une mission bénévole pour une association (voir les offres)
  • faire du mécénat de compétences pour des entreprises de l’ESS ou des ONG, pour apporter son expertise sur des fonctions supports de la structure
  • du wwoofing si vous rêvez d’un travail plus manuel dans une exploitation agricole (mais pas que !)

Y a-t-il un secteur des jobs de sens ?

Selon Laura Genevois de Mon Job de Sens, ces emplois ne se limitent pas à quelques centaines de postes en développement durable en Ile-de-France. Certes les emplois en développement durable dans les grandes entreprises ou dans les cabinets de conseil sont souvent les premiers à être considérés. Pourtant les jobs qui ont du sens sont (heureusement) bien plus larges que cela !

L’intention mise derrière une fiche de poste fait toute la différence

Un poste n’a pas besoin d’être étiqueté « impact » pour en avoir :
  • Un.e responsable logistique recruté.e pour développer le transport de marchandises dans une entreprise peut favoriser le fret ferroviaire au fret routier (et ainsi réduire les pollutions pour l’environnement et la santé, limiter les accidents et le développement des autoroutes)
  • Un.e instituteur.rice entouré.e de 30 enfants au quotidien pour leur enseigner le respect de l’autre, l’acceptation de soi et la préservation de l’environnement a également un impact positif très fort
Cela élargit donc le champ de recherche des emplois à la fois en termes de métier et de secteur géographique. Ils ne sont pas seulement concentrés à Paris, mais bien présents dans tout le pays. Et cela permet donc à chacun.e (oui vraiment tout le monde !) de pouvoir trouver son job de sens, celui qui lui convient vraiment.

Le cas du secteur de la RSE et de l’Economie Sociale et Solidaire

Ce secteur représente environ 2 millions d’emplois en France et 10% des emplois salariés. Dans le cas de l’ESS, avec des nombreuses structures qui ont un impact à la fois social et environnemental, il y a plusieurs grands types d’employeurs : les associations, les mutuelles, les SCOP et les fondations. Les associations représentent 1,8 millions d’emplois en France et la crise ne les a peu ou pas impactés. Souvent les employeurs se sont réorganisés pour mutualiser les fonctions supports avec d’autres structures (ressources humaines, informatique, juridique …) car les fonds publics ont effectivement été réduits. La période actuelle est notamment marquée par les départs en retraite des baby-boomers, engendrant de nombreux recrutements pour les années à venir. Toujours selon Pierre Fournir, les métiers les plus porteurs sont :
  • ceux liés à l’insertion et l’aide à la personne, notamment sur l’accompagnement des migrants. Ce dernier aspect est contextuel, les postes ne seront pas forcément en CDI, le besoin reste cependant certain.
  • les métiers de la levée de fonds (fundraising), à mettre en parallèle de la baisse des fonds publics alloués.
  • les métiers de la finance et de la bonne gestion financière (contrôleurs de gestion ainsi que RAF et DAF : responsables et directeurs.trices administratif et financier). Ceux-ci sont très difficiles à recruter car les salaires sont mois élevés que dans le privé.
  • les profils hybrides entre business et sociétal : ceux qui n’ont pas seulement la « vision non lucrative ».
  • les partenariats : être capable d’une véritable gestion de projets multi-acteurs. Ex. pour les ONG de développement à l’international, les projets de terrain ne sont pas du copier-coller d’une région à l’autre. Il s’agit de concilier les intérêts des communautés locales avec des acteurs politiques, parfois militaires…
  • le plaidoyer politique, pour faire évoluer le cadre réglementaire, la législation sur une thématique, au niveau national et même européen.

Dois-je faire une formation en développement durable ?

Chrystelle Baillette raconte à quel point il a été éprouvant pour elle de reprendre ses études à 40 ans. Elle a fait le Master organisations et développement durable de Paris-Dauphine, le même qu’Ana Souza da Silva. Cela représentait beaucoup de travail, très intellectuel, il a fallu réapprendre à faire des études, à faire des travaux de groupe. Ce master touche toutes les thématiques du développement durable. Faire une formation développement durable peut être une bouffée d’oxygène et pourtant ne pas coller au projet final. Cela a été le cas de Chrystelle, qui a fait une formation en maraîchage pour maîtriser la gestion de son exploitation. Pour certain.e.s étudiant.e.s, ce Master développement durable a permis de faire un « pas de côté » dans leur entreprise. Ce sont les cas dans lesquels leur entreprise leur a financé la formation et qu’ils.elles sont passé.e.s d’une fonction lambda à une fonction orientée développement durable tout en restant dans la même structure. Côté employeur, ces formations développement durable ne sont pas considérées comme des fonctions métiers. Elles doivent vraiment être adaptées à un contexte d’entreprise qui favorisera la création d’un poste développement durable.

Conclusion de la soirée

La conclusion de la soirée est qu’il existe bien un job de sens pour chacun de nous, qui correspond à nos besoins et intérêts personnels. A chacun de faire cet exercice d’exploration (à la fois interne et externe) pour trouver l’emploi qui lui conviendra. Si vous souhaitez être accompagné.e dans votre recherche, le parcours Mon Job de Sens a justement été conçu dans cet objectif. Il vous permet de :
  • découvrir vos talents naturels, vos motivations profondes et vos aspirations ;
  • des moments d’approfondissements sur les enjeux environnementaux sont prévus pour vous aider à trouver ceux qui vous touchent le plus et ainsi le secteur d’action qui vous convient le mieux ;
  • vous serez coachés pour avancer dans la construction de votre projet et la mise en œuvre de sa réalisation, pour que votre vocation soit en concordance avec l’employabilité du secteur concerné.
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