Hélène, du marketing à l’égalité femmes-hommes

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Plan de l'article

Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…

Qui es-tu ?

“Je m’appelle Hélène Babin, je suis formatrice à l’égalité femmes-hommes et aux stéréotypes de genre. J’ai créé ma micro entreprise égaux-systèmes pour accompagner toutes celles et ceux qui veulent une société plus égalitaire et inclusive mais ne savent pas comment s’y prendre, par des ateliers, des formations et des outils sur-mesure.”​

Comment as-tu commencé ta carrière ?

“Après un bac économique et social, je suis rentrée à HEC où j’ai choisi la spécialisation marketing. Les sujets engagés m’attiraient déjà à l’époque mais on m’a dit : “apprends un vrai métier, et si dans 10 ans, tu as toujours cette lubie, tu pourras toujours t’orienter vers des fonctions plus engagées”. Heureusement, les mentalités ont évolué depuis ! 

En 2008, une fois mon diplôme en poche, j’ai commencé ma carrière dans une entreprise agroalimentaire. J’y ai travaillé pendant 11 ans, dans des métiers marketing et développement commercial, sur le terrain et au siège. J’ai fait du management d’équipe et géré des relations clients.”

Quel a été ton déclic pour vouloir changer de voie ?

“L’entreprise avait un département RSE que j’ai rejoint à l’occasion d’un remplacement de congé maternité. Pendant une dizaine de mois, j’ai travaillé sur l’éducation aux gestes de tri, à la sensibilisation des consommateurs à la seconde vie des emballages, au recyclage du plastique, etc. C’était très chouette de pouvoir mettre mes compétences marketing et relation clients au service d’un projet qui me tenait à cœur. Et ça a été pour moi le début de ma réflexion sur comment avoir de l’impact au travail et comment concilier mes valeurs avec ce dernier. Je me disais qu’agir de l’intérieur pour accompagner le changement d’une grosse entreprise comme la mienne, cela avait déjà un bel impact.

J’adore apprendre de nouvelles choses. Et l’avantage d’être dans une grande entreprise, c’est que j’ai pu avoir de nouvelles opportunités et changer régulièrement de poste. J’avais envie de changement mais c’était plus facile de rester que de chercher à l’extérieur. Surtout que je ne savais pas trop ce que j’avais envie de faire d’autre. C’était une sorte de fuite en avant. On reconnaissait mon expérience, c’était quand même gratifiant. Cette situation aurait pu perdurer si un concours d’événements personnels et professionnels ne m’avait amené à faire un burn out.

Après 10 mois d’arrêt maladie pour m’en remettre et prendre soin de ma santé, je savais que je souhaitais quitter l’entreprise. Je ne savais toujours pas ce que je voulais faire après, et j’étais contente d’avoir du temps pour moi pour écouter des podcasts, assister à des conférences… J’allais même partir en voyage de découverte aux Etats-Unis, si le confinement n’était pas arrivé à ce moment-là ! A ce stade, je savais que j’avais besoin d’accompagnement pour me poser les bonnes questions et y répondre en profondeur. C’était important pour moi d’avoir quelqu’un qui m’aiderait à me confronter aux réponses que j’allais chercher.” 

Pourquoi as-tu choisi Mon Job de Sens pour t’accompagner dans ta transition professionnelle à impact ?

“Je connaissais quelqu’un qui avait suivi le programme Mon Job de Sens. Lors de mon départ, je pouvais bénéficier d’un accompagnement par mon entreprise via un cabinet d’outplacement. Mais c’était un cabinet très classique, sans connaissance particulière dans les secteurs du développement durable, de l’engagement. Je n’y trouvais pas mon compte. 

Sur le site de Mon Job de Sens, j’ai vu qu’on pouvait solliciter un entretien téléphonique gratuit de 20 minutes et j’ai échangé avec Laura. Après cela, je n’ai pas hésité longtemps pour m’inscrire. J’ai commencé le parcours en octobre 2020. Je savais que c’était la bonne chose à faire, mais je n’avais aucune idée de ce qui allait ressortir de tout ça.”

Comment Mon Job de Sens t’a aidée à transitionner ?

“Au cours d’un des ateliers, j’ai découvert les ODD (Objectifs de Développement Durable). L’objectif était d’identifier ceux qui nous parlaient le plus pour ensuite découvrir et se renseigner sur  des structures en lien avec ces thèmes. Les ODD pour une éducation de qualité et pour l’égalité des sexes ont tout de suite retenu mon attention et  j’ai senti que ces sujets sociétaux pouvaient être plus qu’un simple centre d’intérêt pour moi.

Un second moment clé dans mes réflexions est l’exercice des scénarios de vie.  Le principe est d’imaginer son futur sur les 5 prochaines années et d’élaborer 3 scénarios différents.J’ai pu réaliser qu’il n’existe pas une bonne réponse à trouver mais plusieurs chemins de vie.  Que je pouvais avoir un rêve lointain tout en ayant une envie à l’instant T.  Je me suis sentie apaisée de me dire que mes choix ne sont pas figés dans le temps. Ce que je décide de faire aujourd’hui n’est pas irréversible et ne m’empêchera pas d’atteindre mes objectifs à long terme. Cet exercice nous autorise à rêver.

A la fin de mon parcours avec Mon Job de Sens, j’étais capable de dire à mon entourage les sujets qui m’intéressaient et ce vers quoi j’avais envie de m’orienter. En parler autour de moi m’a permis de me connecter à des personnes et d’en être là où j’en suis.”

Comment es-tu arrivée dans ton job actuel ?

“A la fin du parcours, mi-janvier, un ancien camarade de promo m’a demandé ce que j’aimerais faire pour la journée internationale des droits des femmes le 8 mars. Cette date clé m’a donné une deadline pour commencer à mettre en pratique les semaines d’accompagnement que je venais de suivre. 

C’est à ce moment-là que j’ai décidé de mener une étude dans les écoles primaires auprès d’enfants sur l’égalité des genres. Mon étude “Dessine-moi un métier” portait sur la représentation de différentes professions (pompier, médecin, professeur, etc.) chez les enfants. On leur a demandé de dessiner une personne qui exerce l’un de ces métiers en expliquant pourquoi ils avaient dessiné une femme ou un homme. J’ai adoré gérer le projet et avoir un aperçu de ce qu’il y avait dans la tête des enfants. 

Au même moment, le président d’une association en faveur de l’égalité des chances m’a proposé de travailler sur la coordination des interventions éducatives à destination des jeunes des milieux défavorisés. Saisir cette opportunité en devenant bénévole pour ce projet rejoignait les conseils donnés chez Mon Job de Sens : ne pas rester bloquée, essayer, tester, rencontrer des gens. Cette expérience m’a confortée dans l’idée que c’était vraiment ce sujet de société qui me plaisait. Puis un jour, par le biais de cette association, une structures m’a contactée pour des interventions sur l’égalité des genres et c’est comme ça que j’ai animé mon premier atelier auprès de jeunes de collège. 

J’ai ensuite créé ma micro entreprise égaux-systèmes en 2022. Je ne savais pas du tout si c’était la meilleure forme juridique mais je me suis lancée sans trop me poser de questions. Pour l’instant, je ne vis pas complètement de mon activité mais mon entreprise est en plein développement.”

As-tu suivi une formation spécifique ?

“Il existe des universités en France qui délivrent des masters en études de genre mais j’ai fait le choix de ne pas reprendre d’études. Je me suis formée en autodidacte par des podcasts, des ouvrages universitaires de recherche sur le sujet du genre en France et en Europe, des conférences, des rencontres. J’y ai consacré des heures et des heures. Suivre une formation, c’est une question que je me pose encore régulièrement et j’y viendrai peut-être un jour.

Et puis au fur et à mesure de mon apprentissage, je me suis rendue compte que je n’apprenais pas de nouvelles choses. Mon niveau de connaissances était suffisamment élevé pour animer mes premiers ateliers et transmettre mon message. Mais je m’informe régulièrement sur des nouvelles études et j’ai constitué un réseau de formateur.trice.s sur le sujet de l’égalité des genres avec lequel on partage nos veilles et bonnes pratiques.” 

A qui s’adressent tes interventions ? Et auprès de quelles structures travailles tu ? 

“J’ai fait le choix de mettre les enfants/adolescent.e.s au cœur de mon activité. Je suis donc amenée à travailler auprès d’un jeune public mais aussi avec toutes les personnes qui ont une influence sur la construction des enfants (parents, enseignant.e.s, animateur.trice.s de centre de loisirs et périscolaire, professionnel.le.s de la puériculture, de l’édition ou encore de l’audiovisuel) 

Mon objectif est de faire prendre conscience qu’ils peuvent transmettre de manière inconsciente des stéréotypes de genre et que cela influence la manière dont les jeunes se construisent par la suite. Une partie de mon activité consiste donc à contacter des écoles, des instituts de formation, des auxiliaires de puériculture, des maisons d’édition ou encore des maisons de quartier pour proposer mes interventions. J’interviens  également au nom d’associations ou de structures qui agissent dans les écoles et les centres de loisirs ou qui forment de nouveaux éducateur.rice.s.

Au départ, j’ai commencé par animer des ateliers pour les enfants. Puis je me suis demandée comment faire pour avoir un impact encore plus grand. C’est à partir de ce moment que je suis passée à la formation des professionnel.le.s.”

Quelles compétences de ton ancien job te servent actuellement ?

“Au début, je ne m’attendais pas à avoir autant de compétences sur lesquelles continuer à capitaliser. L’animation de formation et la prise de parole en public sont deux compétences que j’ai apprises dans mon ancien poste qui me servent énormément dans mon nouveau métier. Ma formation en école de commerce et les 11 ans en marketing et développement commercial m’ont beaucoup aidée pour développer mon entreprise. J’identifie rapidement les besoins de mes clients et j’adapte ma formation en fonction de ce qui les intéresse. 

Avant ma transition, j’ai travaillé au sein d’un milieu très concurrentiel où l’on considère que les autres entreprises sont des freins au développement de notre activité. J’ai dû apprendre à échanger avec d’autres formateur.trice.s de façon assez transparente des informations sur le contenu de ma formation, mes tarifs, etc. C’était vraiment dur pour moi au début d’accepter ce partage et de faire confiance. J’avais l’impression que “le savoir c’est le pouvoir” et qu’il fallait que je l’amasse dans ma tour. 

Il a fallu que je désapprenne et que j’accepte de passer de la concurrence à la collaboration. Au final, on se dit que sur des sujets sociétaux comme l’égalité des genres, on sera jamais assez nombreux et que c’est bénéfique pour tout le monde de partager ses connaissances.”

Est ce que tu rencontres des difficultés liées à l’entrepreneuriat ? 

“Ce que je trouve très difficile, c’est de devoir en permanence à la fois prospecter et développer/créer ce que je vends. Donc pour avoir un équilibre et une sécurité financière, en parallèle de mes interventions auprès des enfants et des éducateurs, je donne des cours dans l’enseignement supérieur sur des sujets liés à la citoyenneté, le respect, l’éthique professionnelle, l’inclusion en entreprise. C’est un conseil qu’on m’avait donné lorsque je me suis lancée à mon compte : arriver à obtenir un contact dans l’enseignement supérieur, faculté ou grande école. 

Le gros enjeu pour beaucoup d’entrepreneur.e.s tous domaines confondus est de trouver comment travailler avec l’Éducation nationale.”

Quels sont les enjeux de ton secteur d’activité ?

“Beaucoup de personnes pensent que l’égalité femmes-hommes en France est atteinte. Certains milieux n’expriment pas le besoin de se former sur ce sujet de société. J’ai souvent besoin de recourir à quelques chiffres clés pour rappeler qu’il y a encore du chemin à faire et des actions à mener. Il reste donc un premier travail de percuter l’illusion d’égalité auprès de ces entités. 

Mais globalement, je remarque une plus grande prise de conscience sur ces sujets-là au niveau politique notamment, avec de nombreux débats autour des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école par exemple. Ces sujets sont également davantage traités dans les entreprises. Il y existe de réelles opportunités de développement car elles ont plus de moyens financiers et des contraintes légales à respecter. Le développement durable et la RSE se structurent dans les entreprises depuis une quinzaine d’années, mais nous n’en sommes encore qu’aux prémices des efforts à faire en matière d’égalité des genres.

Travailler sur les questions de genre, c’est aussi aborder des sujets liés au racisme et au validisme, s’intéresser à des stéréotypes de représentation, des discriminations. Il existe énormément de ponts entre ces sujets qui gagneraient à être capitalisés ensemble.”

Des conseils à partager ?

“Un des premiers conseils que j’ai reçu pendant mon parcours (que j’ai eu du mal à mettre en pratique au départ), est de ne pas rester coincé dans ses idées et d’aller essayer, petit à petit, petit pas par petit pas. On peut commencer par rencontrer des gens, lire un ouvrage, écouter un podcast. Cette démarche fait que notre transition devient concrète et enclenche le changement. Aujourd’hui, je me dis qu’il vaut mieux que ce soit fait que parfait. 

Un autre conseil que j’ai envie de partager est celui d’accepter qu’une transition professionnelle puisse prendre du temps. Il faut se laisser le temps, être doux avec soi-même, bienveillant.

Si je peux également donner un conseil pour celles et ceux qui veulent se lancer dans la formation est celui de ne pas créer les choses avant de les avoir vendues. Lorsque j’avais commencé à démarcher des structures pour leur proposer mes interventions, je pensais qu’il fallait que j’ai déjà construit ma formation de A à Z. Je passais des semaines ou des mois à créer une formation qui, finalement, ne correspondait pas aux attentes de la structure, ce qui m’obligeait à tout recommencer. 

Pour finir, je dirais que si vous ne vous amusez pas dans ce que vous faites, c’est que ce n’est probablement pas la bonne chose à faire.” 

Un grand merci, Hélène, pour ton témoignage !

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