Sandra, entre sport, entrepreneuriat et écoconception

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Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…

Qui es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?

« Je suis Sandra. J’habite à Marseille et je suis la fondatrice et dirigeante d’Awahi, ma marque de vêtements de sports techniques, écoconçus (en bouteilles en plastique recyclées), polyvalents (matière hybride pour les sports aquatiques et terrestres) et made in France (avec, entre autres, des partenariats avec des ateliers d’insertion). »

Quels est ton parcours professionnel ?

« J’ai un parcours diversifié, qui a toujours été naturellement guidé en fonction de mes évolutions personnelles. J’ai débuté ma carrière en tant que neuroscientifique, puis journaliste en presse écrite en sciences, en sports (en m’intéressant plus particulièrement au sport féminin, trop peu médiatisé), en presse quotidienne et également en développement durable.

J’ai été directrice de communication et je me suis orientée vers la communication écoresponsable par la suite. J’ai organisé des événements sur le développement durable, eux-mêmes par la suite écoresponsables. J’ai achevé cette tranche de vie en étant rédactrice en chef pour des magazines sur le développement durable.

J’adorais et j’adore toujours écrire, informer, sensibiliser, mais j’aspirais à participer plus activement aux changements qui doivent s’opérer pour nous, la planète et les générations futures. C’est pourquoi, j’ai refusé un CDI pour retrouver les bancs de la fac, parce qu’en France, on nous demande souvent un diplôme pour exercer une activité qu’on pourrait apprendre sur le terrain. Je me suis reconvertie en innovation, économie circulaire et écoconception.

Après une très enrichissante année de voyages, empreinte de rencontres et de souvenirs impérissables, à fouler des sols inconnus, explorer les fonds marins, rencontrer les cultures qui peuplent ce monde, cet engagement a pris encore plus de sens. »

Où en es-tu aujourd’hui ? A quoi ressemble ta vie professionnelle ?

« Cela fait maintenant quatre ans que je me suis lancée dans la formidable aventure entrepreneuriale en créant Awahi, et en parallèle, j’effectue des missions de consulting en événements sportifs écoresponsables et communication écoresponsable. Oui, ce mot est redondant, c’est le leitmotiv qui m’anime, mais avec de vraies valeurs. Ma vie professionnelle je l’adore !

Quand on est son propre chef d’entreprise, pour tous, il y a des hauts et des bas, des euphories, des remises en question et des doutes. Il faut les accepter, comme il faut accepter et se détacher du fait que d’autres personnes, pour des raisons qui leur sont propres, ne comprennent pas que l’on puisse créer son emploi. Pour moi, le jeu en vaut plus que la chandelle. D’ailleurs, je n’arrive pas à me projeter en tant que salariée pour une entreprise. »

Comment s’est passé ton déclic pour te lancer dans l’entrepreneuriat à impact positif ?

« Depuis 15 ans, je travaille dans le développement durable, c’est mon moteur. Il n’y a pas eu un déclic pour me lancer dans l’entrepreneuriat à impact positif, c’était déjà mon engagement. Il y a eu une convergence naturelle entre mes différents centres d’intérêts : le sport et l’écoconception. En fait, je devrais dire conception durable, car j’y intègre la dimension sociale, qui, pour moi, est indissociable de l’environnement. Et quand je me suis plongée dans l’industrie textile avec ses impacts environnementaux et sociaux, c’était une évidence pour moi, qui aime m’attaquer à des domaines qui ont d’importants impacts et dans lesquels il faut agir, car l’impulsion ne vient pas des grandes entreprises…

Par contre, il y a eu un déclic pour me lancer dans l’entrepreneuriat. J’avais été journaliste freelance au début de cette carrière, mais je ne me sentais pas prête à ce moment-là, car pas assez expérimentée. J’ai intégré une rédaction pour connaître son fonctionnement et travailler en équipe. Ensuite, tous les emplois que j’ai occupés, j’ai eu une grande autonomie, voire totale, en management de projet et d’équipes. Je devais me débrouiller pour tout mener à bien. C’était parfois stressant mais exaltant.

Après ma formation de reconversion, je suis partie un an en voyage et j’ai eu un énorme coup de cœur pour la Californie et Hawaï. A mon retour, je souhaitais m’y installer pour un temps. J’ai rencontré une personne qui avait décroché quelques heures de diffusion sur une grande chaîne de télé à Los Angeles et qui m’avait proposé de chercher des financements pour les reportages, et d’ensuite être directrice sur place. Et là, je me suis dit que j’allais encore m’investir dans un job qui ne serait pas toujours, en fonction des tâches, des personnes, en adéquation avec mes inclinations. Et j’ai réalisé que j’étais prête à me lancer dans l’entrepreneuriat. »

Quels sont les impacts et les enjeux liés à l’industrie textile et l’écoconception ?

« L’industrie textile serait la deuxième industrie la plus polluante au monde. Quelques chiffres illustratifs : elle représente à elle seule 2 % des émissions de gaz à effet de serre. Le coton représente 2,5 % des surfaces cultivées à l’échelle internationale, mais 25 % des insecticides et 10 % des herbicides utilisés. Sans parler de son énorme consommation d’eau. Les déchets textiles se comptent en millions de tonnes… La liste est longue. D’un point de vue environnemental, c’est une catastrophe.

Quant à l’aspect social, les stratégies de réduction des coûts pour proposer des prix toujours plus bas et attractifs s’effectuent aux dépens des salariés dont les droits y sont bien trop bafoués. C’est une réalité, il y a de l’esclavagisme moderne ! Des employés sont détenus prisonniers dans des ateliers de confection, des cueilleurs de coton travaillent comme à l’époque de l’esclavagisme aux Etats-Unis… ça existe encore ! Certains sont sans aucune protection alors qu’ils manipulent des produits toxiques, notamment pour les teintures. Non seulement les conditions de travail sont inhumaines, mais leur santé est également en jeu.

Il a fallu, comme pour beaucoup de choses, des tragédies pour qu’une mise en lumière s’initie. Il y a de plus en plus de documentaires, d’articles, d’études, de marques responsables également. C’est positif. Le consommateur, lui, ne voit pas cet envers du décor. Pour moi, il ne faut pas le culpabiliser, mais le sensibiliser, l’informer en lui ouvrant les yeux, sans oublier de dénoncer le greenwashing. Quand je vois des multinationales avoir une majorité d’articles produits dans des conditions intolérables et qu’elles font le buzz grâce à un gros budget communication sur une mini-collection pseudo-écolo (en s’intéressant à l’étiquette, on déchante parfois), ça me sidère.

Le fonctionnement de l’industrie textile n’est plus soutenable. Les enjeux sont de repenser nos modes de consommation et de production : faire moins mais de meilleure qualité. Et c’est là que l’écoconception et l’économie circulaire interviennent en tant que puissants vecteurs d’actions et d’innovation. Cela impose des contraintes environnementales et nul doute que pour l’industrie textile, il faut y ajouter le critère social.

L’écoconception, c’est la réduction de l’impact environnemental sur toutes les étapes du cycle de vie du produit (matières premières, transformation, transport, usage et fin de vie). Il faut réfléchir simultanément sur toutes ces étapes pour éviter les transferts de pollution. Par exemple, ce n’est pas parce que la matière première est naturelle, comme le coton, que c’est écologique… C’est une démarche holistique, et c’est là toute sa force, porteuse d’avenir. »

Quel serait ton conseil pour quelqu’un qui cherche à démarrer un projet social ou environnemental ?

« Foncez ! La planète a besoin de plein de colibris. Au démarrage, ça peut être effrayant, mais une fois le premier pas effectué, la machine est en route. Démarrer un projet social ou environnemental est étroitement lié à un engagement pour ces sujets, qui est propre à chacun. Parfois, en fonction des freins dus à divers facteurs, tels que les technologies actuelles ou les mentalités, notre projet ne peut être celui idéal que l’on désirait, et il faut l’adapter.

Le conseil que je donnerais, c’est de trouver des compromis temporaires pour pouvoir avancer, mais sans perdre de vue ses valeurs. Celles-ci se retrouvent dans votre projet. C’est un conseil plutôt général, je dirais qu’être accompagné par une structure de type couveuse d’entreprises est, pour moi, important. Et l’un des avantages, au-delà de l’accompagnement, c’est que le porteur de projet bénéficie d’un hébergement juridique et financier (Siret). Cela permet de tester son activité en situation réelle d’exercice sans créer sa propre structure. »

Un grand merci, Sandra, pour ton témoignage !

Pour soutenir la campagne de crowdfunding de Awahi, c’est par ici : https://fr.ulule.com/awahi-sport/. Vous pouvez aussi suivre Awahi sur Facebook et Instagram.

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