Renaud, devenir indépendant pour favoriser le numérique responsable

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Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…

Qui es-tu ? 

Je m’appelle Renaud, je travaille dans le développement web depuis 20 ans. J’ai créé en 2019 ma propre agence digitale d’éco-conception web et GreenIT, NovaGaïa.

Quel a été ton déclic pour trouver ton job de sens ?

J’ai pris conscience de l’impact écologique du numérique il y a environ 3 ans. Je me suis alors demandé comment allier mon travail avec cette prise de conscience et me sentir aligné. Même si je suis loin d’être parfait, je fais des efforts dans ma vie personnelle pour être plus respectueux de l’environnement. Et je voulais aussi le faire par mon travail.

C’est à ce moment que j’ai participé à la promo 16 du parcours Mon Job de Sens. J’ai réalisé que je pouvais mettre du sens dans ma vie et prendre acte de ce changement. Ça a été un soulagement de rencontrer d’autres personnes qui étaient dans la même problématique que moi, et de voir qu’on se posait tous les mêmes questions. 

Il fallait que je passe à l’action. J’ai d’abord regardé si je pouvais faire changer les choses au sein de l’entreprise où je travaillais. Mais j’ai vite compris que c’était incompatible avec leur fonctionnement. 

Dans les sociétés de service informatique, lorsqu’un client arrive avec 10 besoins, il repart avec 15 parce que le commercial a bien fait son travail. Désormais, en étant à mon compte, mon client repart avec 8 besoins au lieu de 10 car je vais challenger avec lui chacun d’entre eux. 

Et puis, en informatique, on aime bien utiliser plein de technologies “cools” développées par les géants du web comme Amazon ou Microsoft. Je suis un peu comme ça moi aussi, mais en réalité, ça ne rentre pas dans ma philosophie. 

C’était bloquant à plein d’endroits. J’en suis arrivé à la conclusion que mon entreprise n’était pas prête à changer pour être plus green et j’ai décidé de partir pour monter mon propre projet entrepreneurial, même si je n’en avais pas la fibre au départ.

Quelle est ton activité aujourd’hui ?

Ma boîte s’appelle NovaGaïa. Je fais principalement de la création de sites web éco-conçus, ainsi que du conseil en éco-conception et en refonte de site. En parallèle, j’anime des ateliers sur le numérique responsable avec Tristan Duhamel, qui est lui aussi passé par Mon Job de Sens. 

Ensemble, nous animons régulièrement des ateliers sur l’impact du numérique et les solutions pour le limiter. En intelligence collective, nous identifions avec les participants des enjeux liés au numérique et réfléchissons à des pistes de solutions. 

J’apprécie le fait de ne plus avoir de patron à qui rendre des comptes, de ne plus avoir de délais impossibles à tenir, de gérer un projet de A à Z et d’en voir tous les tenants et aboutissants. 

Un autre avantage d’être indépendant est de pouvoir choisir les projets sur lesquels on travaille. Quand on accepte un projet qui nous plait, on a envie de s’accrocher et de faire des efforts pour le client. C’est motivant.  

Tu peux nous en dire plus sur l’éco-conception web ?

L’éco-conception, c’est une philosophie plutôt qu’une technique. Tout service numérique peut voir son impact réduit, il s’agit simplement de concevoir le service en tenant compte de ses effets : sur les serveurs, le réseau, l’affichage  sur écran, etc. 

L’objectif est que chaque élément soit le moins impactant possible pour l’environnement, afin que les utilisateurs puissent utiliser ce service, même avec des machines anciennes et peu performantes. 

Il faut savoir que c’est la fabrication des équipements informatiques qui génère le plus de pollution, plutôt que leur usage. Par exemple, fabriquer un PC portable va générer en moyenne 330 kg de CO2, alors que son utilisation pendant 1 an n’en générera que 3 kg.

En sachant cela, l’important est de faire en sorte que les machines soient fonctionnelles le plus longtemps possible, et ne pas pousser les gens à changer de machine. Il existe différentes manières de le faire. 

Par exemple, ne pas créer un fil d’actualité infini comme Facebook le propose (c’est-à-dire qu’on peut faire défiler de façon ininterrompue), mais plutôt à la demande (avec un bouton du type “voir plus” en bas de page) pour que l’utilisateur ne charge que le contenu qu’il souhaite voir et ne consomme pas trop de données. Ce sont plein de petites choses comme cela qui, mises bout à bout, permettent de réduire l’impact du numérique.

Comment t’es-tu lancé à ton compte ?

J’ai fait une rupture conventionnelle avec mon employeur suivie d’une période de chômage, me permettant de lancer mon projet entrepreneurial.

J’étais entouré de personnes avec qui j’ai pu échanger et qui m’ont proposé des pistes, notamment Céline Julien, coach chez Mon Job de Sens. J’ai décidé de rejoindre une Coopérative d’Activité et d’Emploi (CAE). 

N’étant pas à l’aise avec tout ce qui concerne la comptabilité et l’administratif, la CAE m’a accompagné dans toutes ces démarches. Elle m’a aussi apporté un réseau, des conseils et même des formations sur l’entrepreneuriat (comment créer ses offres, etc.).

Et au-delà de ça, j’étais très aligné avec le principe coopératif, le fait que chacun ait une voix dans les décisions de la structure. En devenant sociétaire, on peut  interagir avec la destinée de la coopérative, on est impliqué. 

C’est comme ça que je me suis lancé :  accompagné par des personnes qui m’ont indiqué des possibilités, puis par la coopérative qui m’a poussé et aidé à me construire.

Comment trouves-tu tes clients ?

N’étant pas commercial, j’ai quitté mon entreprise sans portefeuille client et suis parti de zéro. J’ai monté mon propre réseau. Bien sûr, j’ai quelques clients qui trouvent mon site en faisant des recherches sur le numérique responsable sur internet, mais c’est surtout par le réseau que mes clients arrivent. 

Je ne passe pas mon temps à prospecter, et tant mieux, parce que c’est quelque chose que je ne sais pas faire. C’est plutôt les gens qui viennent me trouver. Comme j’ai rejoint une CAE, j’ai dès le début rencontré beaucoup de personnes qui m’ont mis en relation ou qui avaient directement besoin de mes services. 

Mon portefeuille client grandit avec les personnes que je rencontre, les partenariats que je noue, les anciens clients qui parlent de moi. Ce n’est pas le plus rapide, mais c’est comme ça que je fonctionne. C’est aussi important de créer un site web pour avoir une vitrine de ses activités et gagner en crédibilité. 

Personnellement, je ne veux pas adresser un type de clientèle spécifique pour pouvoir travailler sur des projets différents et ne pas m’ennuyer. Je travaille donc pour des projets variés : site de shampooing solides, de t-shirts, de mise en relation avec des fournisseurs d’énergie, etc.

Pourquoi le numérique responsable est-il un enjeu ?

Parce que notre usage numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est l’équivalent des émissions d’un petit pays. On estime que dans 2 à 3 ans, ce sera l’équivalent de la pollution générée par le parc automobile. Ce n’est pas rien ! 

Et on ne mesure pas encore les effets de la pandémie sur tout cela, mais on sait que l’utilisation du cloud et de la visio notamment a explosée, ce qui aura des conséquences. 

Le problème de la pollution numérique, c’est qu’elle est exponentielle mais invisible. Lorsqu’on brûle un pneu, on voit de la fumée. Là, on ne voit rien. L’un des objectifs des ateliers animés avec Tristan est justement de faire prendre conscience de cela. 

Je suis certifié Green IT, la communauté des acteurs du numérique responsable. Nous travaillons entre autres à la rédaction d’un livre réunissant les bonnes pratiques à adopter dans ses usages numériques. Les outils pour limiter son impact existent. Il s’agit de les connaître et de les mettre en place.

Quels conseils peux-tu donner pour un numérique plus responsable chez soi ?

C’est un ensemble de petites choses : couper la caméra quand c’est possible en visio, faire attention à son matériel, imprimer un document consulté régulièrement et longuement plutôt que l’ouvrir en ligne à chaque fois… 

C’est se poser des questions : où est-ce que je mets mes données ? Est-ce que j’ai besoin du cloud, de partager des données avec quelqu’un ? 

C’est aussi prendre conscience des proportions des effets de chaque chose. On parle beaucoup de l’impact des emails. Certes, c’est un bon réflexe de nettoyer sa boîte de réception régulièrement. Mais regarder une vidéo sur Netflix ou stocker ses photos sur le cloud ont des conséquences beaucoup plus larges. 

Et au niveau des entreprises ?

Pour les entreprises, on organise des ateliers pour identifier les enjeux sur lesquels agir en priorité. En fonction de la taille de la structure, il y a des services informatiques internes ou bien des prestataires, donc les leviers à activer ne sont pas toujours les mêmes. 

On travaille toujours avec la méthode agile pour prioriser les sujets puis mesurer l’impact des actions menées. On commence systématiquement par faire comprendre aux personnes les effets cachés des usages numériques et leur montrer qu’il existe toujours des solutions à appliquer au niveau des personnes, des équipes et de l’entreprise.

Quelque chose à ajouter ?

Si le numérique responsable vous intéresse, l’Ademe a produit plusieurs publications sur le sujet. Vous pouvez aussi consulter le site de Green IT

Et si vous voulez agir pour la transition par votre travail, demandez-vous si vous êtes plus à même de le faire en faisant changer les choses dans votre job actuel, ou bien en partant pour un autre projet. 

Si vous êtes chez Mon Job de Sens, vous êtes au bon endroit pour trouver la réponse !

Un grand merci, Renaud, pour ton témoignage !

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