Partir à la campagne : la “déconstruction itérative” de Sophie

Partager cet article sur :

Plan de l'article

Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…

Faire confiance au processus, c’est le cheminement qu’a choisi Sophie pour changer de voie professionnelle. D’abord social media manager à Paris sur le marché du logiciel photo, elle est devenue responsable communication & animation de communauté en Aveyron. Elle travaille ainsi pour un tiers-lieu rural dédié à l’expérimentation des transitions écologique et sociale.

Qui es-tu ?

“Jeune maman de 36 ans, j’ai quitté Paris en 2020 à l’aube du premier confinement, et COVID aidant, il semble que je sois devenue aveyronnaise ! Créative et humaniste, je suis en cheminement constant pour vivre le plus en conscience possible, et ai tendance à avoir peu confiance en moi. Les ingrédients parfaits pour ne pas s’ennuyer sur le grand chemin de la Transition.”

Comment as-tu commencé ta carrière ?

“Si je regarde dans le rétroviseur, je me rends compte que sans l’avoir prévu, j’ai cheminé personnellement et spirituellement en faisant bouger un pion après l’autre : il m’a paru bien plus confortable et efficace d’avancer par itération (le fameux test & learn) plutôt que de vouloir tout changer d’un coup ! Si certains choisissent de partir s’installer à la campagne du jour au lendemain sans trop réfléchir, pour ma part, cela ne s’est pas passé ainsi.

J’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante communication dans le secteur de la photographie, puis j’ai évolué pour devenir social media developer : du stratégique, du très opérationnel, des interlocuteurs variés, un peu de service client, de la créativité et de l’art, des salons photo à l’international. Bref, j’ai eu la chance d’avoir un parcours en apparence sans embûche qui m’a amenée à vivre une crise de sens une fois la trentaine arrivée.”

Quel a été ton déclic pour vouloir changer de voie ?

“Après 5 années à me prouver que j’avais “mérité” ma place dans cette entreprise, j’ai quitté le salariat suite à un licenciement économique pour m’autoriser à aller découvrir un monde encore inconnu : le militantisme, l’engagement citoyen, les enjeux de décroissance et de sobriété… 

J’étais en dissonance depuis une bonne année. J’avais progressivement pris conscience du désastre écologique et de la crise existentielle qui asservit l’Homme moderne (nous, quoi !). Je n’arrivais plus à trouver de sens à mettre en avant pour mieux les vendre des produits photo certes très performants, mais relativement insignifiants face à la réalité d’une imminente sixième extinction de masse. 

Ça a été pour moi un changement de voie majeur. Après ce départ patiemment attendu (merci les collègues de m’avoir conseillée de ne pas poser ma démission à l’époque !), j’ai pu prendre du temps pour moi et consacrer mon chômage à nourrir mon intérêt pour les sujets de transition écologique. Ceux-ci prenaient toute la place dans mes questionnements professionnels comme personnels. 

Ces questionnements ont alors concerné tous les pans de ma vie : à quel projet de société est-ce que je crois ? à quoi ai-je envie de contribuer ? quelles relations je souhaite nourrir avec mes proches, et qu’est-ce que cela implique de mettre en place ? est-ce important pour moi d’être comprise dans mon cheminement et pourquoi ? Tout y est passé ! 

Ma stratégie : me documenter (conférences, lectures), faire mes armes (rejoindre des collectifs engagés), et développer mon réseau professionnel dans ce sens. J’ai rencontré tout un tas de personnes et mon nouveau réseau s’est peu à peu formé : un réseau que je souhaitais engagé, passionné, éclectique. Vivant. J’ai alors senti que le mal-être laissait place à l’alignement. Être dans l’action permet de trouver du sens dans le faire ! Et on trouve toujours d’autres bonnes âmes un peu en détresse pour partager cette soif de vivre avec nous.

Avec du recul, je reste persuadée que pour transitionner durablement, chacun.e doit passer par des étapes de remise en question profonde et souvent peu confortables, qui peuvent s’apparenter aux étapes d’un deuil (très vrai dans les relations) pour laisser germer quelque chose de fertile et durable, car épanouissant.”

Pourquoi as-tu choisi Mon Job de Sens pour t’accompagner et comment cela t’a-t-il aidé ?

“J’ai découvert l’accompagnement proposé par Mon Job de Sens en 2018, quelques mois après le début de ma période de chômage. J’ai pu aller plus loin dans l’exploration de mes besoins et envies, en profitant d’un coaching qui m’apparaissait bienveillant et pratique. J’avais besoin de sentir si ce que je mettais en place, entre bénévolat et nourriture intellectuelle, était une approche suffisante pour transitionner en ayant de l’impact via mon activité professionnelle. Et je n’ai pas été déçue !

J’ai trouvé du soutien, beaucoup de bienveillance et de professionnalisme, mais aussi des pairs avec qui échanger sur des problématiques à la fois très personnelles et totalement universelles ! En bref, on était pour la plupart en crise à notre manière, et on avait besoin de se sentir appartenir, et validé.e.s dans notre volonté de redresser la barre. 

Je suis sortie de l’accompagnement avec une connaissance plus fine de mes talents, avec un nouveau regard sur mes aspirations (exercices de visualisation et de projection, travail sur les émotions), j’avais moins peur des espaces de discussion de groupe, et ai ancré une volonté qui m’habite encore aujourd’hui : faire ma part tout en prenant soin de mon épanouissement personnel.

Cela a donné une assise à ma volonté de m’engager, qui était alors encore timide. Ah, le syndrome de l’imposteur ! J’allais enfin pouvoir faire briller ma volonté de changement et d’action, me mettre en mouvement pour trouver le job qui aurait du sens pour moi, et m’ouvrir à des cercles de personnes en cheminement ou ayant transitionné qui pourraient m’apporter leur retour d’expérience. J’étais prête, et je ressens encore aujourd’hui très fort que Mon Job de Sens a été ma première étape de déconstruction et d’éclairage sur une nouvelle vie plus libre et consciente. Quelques mois après, je devenais la première salariée de La Fresque du Climat.”

Comment es-tu arrivée dans ton job actuel, et en quoi consiste-t-il ?

“Le (malheureusement de plus en plus) classique burn out des jeunes cadres dynamiques urbains déracinés ! Et pourtant, j’occupais alors – début 2020 – un poste hautement sensé pour moi, puisque j’étais chargée de la communication et de l’animation du réseau national de la naissante association La Fresque du Climat. Un enseignement donc : un job qui a du sens, oui, mais dans une vie qui tourne rond. 

Pour ma part, la sursollicitation, le développement exponentiel de la structure et de ses activités, pas assez de staff pour me relayer et trop peu d’éléments ressourçants dans mon quotidien citadin, ont eu raison de mon élan de vie. J’ai sombré et mon cerveau a dit “allez ciao je me mets en veille !”. Mais ce burn out a été suivi de près (quelques semaines seulement) par l’amour qui frappe à ma porte puis l’Aveyron qui m’ouvre les bras. L’idéal de sens est une visée, on ne fait que tenter de s’en approcher.

J’ai donc rejoint dans le petit village d’Arvieu celui qui allait devenir le père de ma fille en 2023. Aveyronnais revenu au pays, Benoît initiait en 2020 le lancement de l’association Bienvenue en Transition au Château d’Arvieu, un projet de lieu partagé permettant d’accueillir des groupes et personnes en recherche de re ou dé-connexion, mais pas que. Il s’agissait aussi d’essaimer des formations immersives à la transition écologique et sociale, dont la formation T-Campus du Campus de la Transition (77), partenaire historique du projet.

J’expérimente pendant 2 ans de bénévolat la vie au Château d’Arvieu avec plusieurs colocataires de profils, âges et parcours variés en mettant mes compétences en communication au service d’un projet qui a du sens et des retombées concrètes en local comme dans la vie des personnes que nous accueillons en formation. Cette vie en communauté a beaucoup challengé mes attentes, mes besoins. Elle a fait naître une vision plus terre à terre de ce “rêve de retour à la nature” qui nourrissait mon imaginaire de parisienne d’adoption frustrée et épuisée ! 

En 2021, l’association a lancé son activité dans un nouveau lieu, toujours en Aveyron : le Village Tiers-lieu de Mergieux, à Najac. Une nouvelle équipe, de nouveaux partenaires, toujours la formation T-Campus (prochain départ le 23 octobre !), mais aussi de nouveaux parcours immersifs proposés à celles et ceux qui souhaitent comme nous réussir leur (re)conversion écologique en milieu rural : voilà les ingrédients de ma recette améliorée du “bonheur en campagne”. 

Je signe comme une contrepartie de mon investissement bénévole un CDI à temps partiel en septembre 2021 en tant que responsable communication et animation pour l’association qui consolide ses activités sur ce nouveau lieu. Je suis alors enceinte de quelques mois. 

Les besoins du projet en communication sont réels, et je m’occupe de développer les outils, d’animer les communautés et de gérer les partenariats, à distance depuis un espace de coworking à Rodez, avec des temps sur site avec l’équipe opérationnelle composée de copains ayant rejoint le projet en cours de route.” 

Tu parles de déconstruction itérative, pourquoi ?

“Finalement, je fais toujours de la communication, mais le cadre, les enjeux, la stratégie et les ressources au service du projet collectif que l’on porte sont encore différents. 

Je suis passée de salariée parisienne en perte de sens et de repères à bénévole engagée en recherche d’expérimentation et de reliance, puis de salariée toujours à Paris dans une structure associative au projet hautement sensé à bénévole en milieu rural pour un projet expérimental et collectif… Pour aujourd’hui être salariée dans cette même association mais sans vivre à fond l’expérimentation. 

Verdict : rien n’est écrit d’avance, je crois que la vie n’est qu’un enchaînement de rencontres et d’opportunités. Il n’y a pour moi que des tests, plus ou moins concluants, et beaucoup d’apprentissage de soi en relation à l’autre, à chaque étape. Cela n’est peut-être pas confortable car rien n’est tout tracé, et l’on n’apprend pas à se dire “je vais faire du test & learn toute ma carrière”, mais pour ma part je pense que c’est ce qui nourrit le plus humainement.

Tant qu’on a la conviction qu’on s’en sortira toujours, et qu’on a la chance d’être né.e comme moi en France, avec un capital socio culturel présageant une vie relativement heureuse (au moins matériellement), j’ose penser que le risque est mineur à… se mettre non pas en danger, mais au vert !

Je nourris à chaque étape la biennommée Gratitude pour tout ce qui m’est donné de vivre. Où serai-je l’année prochaine ? Voilà un joyeux mystère, et comme disait Soeur Emmanuelle : Yalla !”

Un grand merci, Sophie, pour ton témoignage !

👉 Vous aussi, vous rêvez de partir à la campagne pour mener un projet de vie engagé ? La formation immersive de 4 semaines sur la transition écologique et solidaire T-Campus démarre le 23 octobre au Village Tiers-lieu de Mergieux, à Najac ! Pour en savoir plus, RDV sur le site de Bienvenue en Transition.

Sortir de la grille

Cet article vous a plu ? Ceux-là pourraient aussi vous intéresser 👇

Envie de recevoir les derniers articles dans votre boite mail ? ✉️

Tous les vendredis, recevez du contenu autour de l’emploi, du sens et de l’engagement : des portraits inspirants, des articles détaillés, des événements à ne pas manquer, des offres d’emploi, etc. 

Rapide et inspirante, elle se lit facilement dans les transports, à la pause, dans votre canap’ ou bien entre 2 RDV 😉

0 spam – 0 pub – 0 partage de vos données : vous vous désinscrivez quand vous voulez

Rechercher