Les chercheurs de sens au travail, héros des temps modernes ?

Plan de l'article

Le parcours à réaliser pour trouver du sens dans sa vie professionnelle est souvent comparable à celui d’un héros romanesque. Dans les histoires, le personnage principal part dans une quête l’amenant à rencontrer différents obstacles, qu’il doit vaincre pour arriver à son objectif. Toutes ces péripéties modifient sa situation et transforment son identité : à la fin du livre, il n’est plus le même qu’au commencement. Et si effectuer une transition professionnelle, c’était un peu la même chose, finalement ?

La souffrance au travail, l’élément déclencheur du besoin de changement

Il existe des professionnels de tout âge qui souffrent du manque de sens dans leur activité. Lorsque les conditions de travail sont difficiles, qu’il faut faire toujours plus, avec moins de moyens – une tendance lourde du monde du travail depuis quelques années – il reste possible, au prix de gros efforts, de trouver la force, l’imagination et l’envie pour continuer à œuvrer…

Mais lorsque le sens n’est plus là, lorsqu’on perd de vue l’utilité même de son action, il est difficile pour beaucoup d’entre nous de rester motivé.e (un quart des français trouve que leur travail doit « être utile à la société » selon une étude Kantar de février 2019). C’est alors qu’apparaît la souffrance au travail, qui peut aller jusqu’au burn-out, cet effondrement de la personne tant physique que moral et psychique.

Crédit photo : Ian Espinosa, Unsplash

La quête de sens professionnel conduit à une remise en question de son identité

Les personnes qui ont pris conscience de ce manque de sens se mettent alors parfois en quête d’aide et de soutien. Bien souvent, elles souhaitent mettre leur temps et leur énergie au service d’un projet de société qui les fasse rêver. Elles veulent s’engager pour plus d’équité, pour aider d’autres personnes ou pour préserver notre bien commun le plus précieux, la nature. En un mot, elles veulent se mettre en cohérence avec leurs valeurs personnelles.

Commence alors une aventure passionnante et souvent déstabilisante, car une bonne partie des habitudes, des croyances et des certitudes de la personne sont remises en question par cette quête. C’est un changement profond qui va transformer la personne jusque dans son identité.

Le travail détermine encore beaucoup le statut social des personnes

Notre identité est façonnée par de nombreuses expériences et se nourrit de nos divers domaines de vie. Cependant, parmi ceux-ci, le champ professionnel joue encore aujourd’hui un rôle déterminant. En effet, c’est notre métier qui définit à la fois notre statut social, qui nous procure un revenu et qui occupe une grande partie de notre temps.

Le statut social d’un.e scientifique, d’un.e ingénieur.e, d’un.e caissier.e ou d’un.e artiste n’est pas le même et notre culture cherche à positionner les gens par rapport à des échelles de valeur (évidemment relatives et contestables), ce qui explique l’occurrence de cette première question lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la première fois : « Que faites-vous dans la vie ? ».


Crédit photo : Hunters Race, Unsplash

La quête de sens au travail implique de dépasser des peurs liées à l’argent, à la sécurité et au regard des autres

Pas facile alors de répondre qu’on cherche du sens, que l’on souhaite un accomplissement personnel ou qu’on est en transition vers un statut inférieur… Statut vu socialement comme inférieur qui sera souvent synonyme d’un revenu moindre.

Or notre revenu, avec le fameux « pouvoir d’achat » associé, est un moyen de se sentir exister au sein d’une société de consommation. Changer de vie professionnelle, c’est bien souvent changer de mode de consommation, de logement, de quartier, de mode de déplacement… Autant de changements qui sont inquiétants et coûteux.

Le besoin de sécurité et les peurs liées à l’argent sont parmi les freins les plus puissants au changement de trajectoire professionnelle. Le défi est alors de nourrir sa confiance en soi et dans les autres, afin de pouvoir traverser sereinement la période de turbulences.

Enfin, notre activité professionnelle occupe une grande partie de notre temps et nous entraîne dans diverses actions quotidiennes routinières formant un ensemble d’habitudes plus ou moins agréables, mais auxquelles nous sommes attaché.e.s. L’idée même de cesser cette activité est source d’angoisse chez certaines personnes qui craignent le vide et peut être une entrave sérieuse à la mise en route d’un projet de transition.


Crédit photo : Sammie Vasquez, Unsplash

Le mot « sens » a trois sens différents

Le sens, c’est tout d’abord la signification. Un travail qui a du sens pour moi, c’est un travail qui veut dire quelque chose pour moi, qui « fait sens » comme disent les anglais.

Le sens, c’est également la direction. Un travail plein de sens, c’est ici un travail qui nous fait avancer, moi et la société, dans le bon sens, c’est à dire du côté d’un mieux-vivre pour tous. C’est la notion d’utilité sociale de mon action.

Enfin, le sens, c’est aussi le sensoriel et le sensible, c’est à dire mon besoin d’utiliser mes cinq sens au quotidien : le toucher, la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat…

Au regard de nos choix personnels et de notre expérience dans l’accompagnement, nous pouvons témoigner en tant que coachs professionnels, que la vie accomplie d’un héros, pardon, d’un travailleur, intègre les différents sens du mot sens, et que dans une telle vie, la personne a une vision claire de ses valeurs personnelles, est utile au monde et utilise ses sens pour percevoir et exprimer son identité.

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