Vous recherchez un emploi dans l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ? Voici les erreurs les plus communes que l’on a pu observer chez les candidats et comment les éviter. Les exemples sont issus de situations vécues qui ont été simplifiées et les prénoms ont été changés.
Erreur n°1 – Confondre militantisme et emploi
Penser que partager des valeurs nobles suffit à être recruté.e dans l’ESS et à trouver du sens dans son travail.
Pierre a été bénévole durant 5 ans, passant un soir par semaine dans une association de défense de la cause animale. Il sait que c’est dans ce domaine qu’il veut travailler. Alors, il postule à toutes les structures dans ce secteur. Il va aux entretiens avec toute son énergie et son envie de s’investir… mais il ne prend pas trop la peine de les préparer. « Finalement, si nous avons des valeurs communes, est-ce que cela ne suffit pas pour avoir envie de travailler ensemble ? »
Notre conseil pour Pierre :
Les bonnes intentions et les valeurs communes ne “suffisent” pas pour convaincre un recruteur et pour vous assurer que vous serez bien dans cette organisation. Partager les mêmes valeurs est important, mais cela ne doit pas vous détourner de votre intention en entretien :
- Montrer vos talents pour un poste et faire valoir votre professionnalisme
- Vous assurer que vous allez vous épanouir dans ce poste (et ce point va bien au delà des valeurs partagées !)
Erreur n°2 – Postuler sur tout ce qui bouge
Être prêt à tout et postuler sur “tout ce qui bouge”, “prenez-moi quel que soit le poste”.
Luc a vraiment envie de travailler dans l’association SAVE PLANET, alors il se dit que la meilleure stratégie, c’est de postuler à tous les postes qui sont publiés. Il y a bien un jour où ça finira par marcher ! Et puis, pour réaliser son envie, Luc est prêt à occuper des postes qui ne correspondent ni à ses qualifications, ni à son expérience…
Notre conseil pour Luc :
Vous avez de la valeur, et vos talents sont précieux ! Ne gâchez pas votre temps et celui des recruteurs en vous dispersant. Faites un effort pour montrer la cohérence de votre démarche et son sens. Cela ne vous empêchera pas de signaler lors de l’entretien que vous êtes ouvert.e à d’autres types de poste.
Vous êtes réellement du genre “couteau suisse” ? Car oui, il existe des personnes multipotentielles et très adaptables. La meilleure stratégie, c’est alors le contact direct, par le fait de postuler à une offre précise. C’est ensuite le recruteur qui vous appellera pour un poste différent s’il l’estime pertinent. Si vous aimez toucher à tout, si vous voulez tout voir, privilégiez les petites structures de l’ESS où ce talent est souvent valorisé.
Erreur n°3 – Rester dans un bureau si on a besoin d’action
Postuler à des postes éloignés du terrain… alors qu’on rêve de faire du terrain.
Lydie sait ce qu’elle veut faire : agir pour les migrants. Lydie fait parfois des maraudes dans son quartier, et elle se sent tellement à sa place quand elle discute avec eux. Une ONG de soutien aux migrants ouvre un poste de veille juridique. C’est un poste sédentaire administratif, basé à Paris, pour une ONG qui travaille essentiellement sur Lampeduza. Lydie se dit que son action sera utile…
Notre conseil pour Lydie :
Si vous aimez le terrain, allez sur le terrain ! Cela peut paraître évident mais on se laisse parfois aveugler par un projet global qui nous plaît en négligeant la nature des tâches à effectuer. Certaines personnes aiment pouvoir mesurer immédiatement l’effet de leurs actions. D’autres assument plus facilement les effets moins directs et à long terme.
Si vous êtes nourri.e par le contact direct avec la cause que vous souhaitez défendre ou le public concerné, ne prenez pas de poste éloigné du terrain. A contrario, vous pouvez être touché.e par le fait de soutenir les personnes malades, et pour autant sentir que serait difficile pour vous de travailler quotidiennement avec des personnes atteintes de maladies graves.
C’est parfois notre éducation qui nous fait valoriser uniquement les emplois de bureau, parce qu’on nous a dit qu’il fallait un poste « intellectuel », donc derrière un ordinateur.
Quel que soit votre cas, vous ne tiendrez pas longtemps dans un poste qui ne vous apportera aucune satisfaction au quotidien. Connaissez-vous vous-même (Socrate le disait déjà il y a 2 500 ans…). Trouvez la juste distance pour vous avec le terrain et votre action sera plus juste.
Erreur n°4 – Sacrifier sa qualité de vie ou ses besoins pour la cause
Diviser son salaire par 12 ou bien faire 2 heures de trajet par jour… Certaines personnes s’enflamment pour une cause qui les passionne et sont dans le déni des contraintes du job.
C’est décidé, Agathe veut changer de vie. Après 20 ans dans la communication d’un grand groupe, c’est une experte dans son domaine. Elle veut maintenant mettre ses compétences au service d’une entreprise dont l’action favorise la réduction des déchets. C’est une très belle idée ! Et justement, une start-up “no plastic” propose un poste qui semble fait pour elle. Le seul hic, c’est que c’est à 1h20 de transport de chez elle avec un salaire 4 fois moins élevé que ce qu’elle avait précédemment.
Notre conseil pour Agathe :
Faire une liste des avantages et des inconvénients du nouveau poste et tenter d’équilibrer la balance entre les gains et les pertes.
Se poser honnêtement la question de la viabilité dans la durée du choix que vous vous apprêtez à faire.