[J’utiliserai ici « économie sociale » plutôt que « ESS » les acronymes étant difficilement lisibles.]
L’économie sociale, ce n’est pas que du social ! Évident pour certains, un scoop pour d’autres. Sans formuler une énième définition de l’ESS, je cherche ici à en partager une vision simple. Quand des dizaines de personnes contactent Mon Job de Sens parce qu’elles souhaitent trouver l’emploi dans lequel elles seront utiles et épanouies, cela me semble indispensable de remettre un coup de projecteur sur ce secteur.
L’économie sociale est donc le pan de l’économie qui cherche avant tout à avoir de l’impact. Par exemple, prenons le secteur de la boulange. Bien sûr, les boulangeries en général sont des moteurs de l’économie locale, elles pourvoient à des emplois non délocalisables, au service de proximité, à la conservation du lien social, etc. Mais certaines boulangeries (comme Bella Ciao, L’Autre Boulange, La Conquête du Pain, etc.) ont justement à cœur ces enjeux et vont un cran plus loin pour les mettre en priorité.
Elles remplissent alors 3 conditions communes à tous les acteurs de l’économie sociale, tous domaines confondus :
Condition 1 : la mission est prioritaire sur l’argent
Cela ne veut pas dire qu’on cherche à salir les commerces traditionnels ou que l’on ne va pas reconnaître que l’argent est nécessaire à l’économie. La rentabilité d’un projet est bien sûr un condition sine qua non à sa survie. C’est évident ! Un projet à impact ne tiendra pas s’il n’est pas rentable et s’il fonctionne à perte.
En revanche, la priorité dans les choix stratégiques à prendre est bien pour la mission. Et non pour le capital. Concrètement, certaines décisions sont prises dans un ordre qui peuvent choquer des investisseurs. Ceux-ci recherchant (souvent) le retour sur investissement le plus rapide.
C’est pour cela que j’ai choisi un expert-comptable lui-même engagé dans l’économie sociale (ESS Expertise) car il comprend mes décisions. Ce qui n’avait pas été le cas de plusieurs comptables avec qui j’avais échangé en construisant mon projet entrepreneurial (Mon Job de Sens)…
J’ai par exemple choisi de prendre un statut de SAS car il peut se transformer en SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) mais a des cotisations plus élevées qu’une SARL, choix qui était recommandé par les experts comptables « traditionnels ». A moyen terme, je souhaite en effet faire rentrer les institutions comme le Ministère de la Transition et Pôle Emploi dans le conseil d’administration afin que nous puissions encourager le plus efficacement possible le développement des emplois dans les secteurs stratégiques à soutenir.
Condition 2 : la gouvernance est partagée
« Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » : l’intelligence collective est la clé. Personne ne détenant la vérité universelle, il est précieux de favoriser une démocratie participative. Une personne = une voix. Contrairement à une action = une voix dans les sociétés capitalisées traditionnelles.
Comme énoncé ci-dessus, Mon Job de Sens a vocation à devenir une coopérative où siègeraient donc les institutions, les intervenants, les bénéficiaires (comme vous ?) … Cela permettra de garantir que nous poursuivons bien un objectif qui bénéficie à tous et qui intègre les enjeux de chacun.
Enercoop, dont je suis administratrice à titre bénévole, est un autre exemple de gouvernance partagée dont je peux témoigner. Cette SCIC (la plus grosse de France) est un modèle d’innovation sociale. Elle est en première ligne des expérimentations sur tous les aspects de son activité et AUSSI sur la gouvernance.
Fournir une électricité renouvelable est sa mission de fond, et intégrer toutes ses parties prenantes dans sa gouvernance est un engagement sur la forme. Les consommateurs, salariés, fournisseurs, partenaires, etc. siègent pour piloter ce projet de société. C’est innovant, très difficile, mais formidable pour faire évoluer la société !
Condition 3 : évidemment, le projet vise l’utilité sociale
« Sociale » dans le sens de société. Les projets environnementaux sont donc concernés. Tout comme ceux autour de l’alimentation, l’énergie (Enercoop), les mutuelles (contrairement aux assurances), les fondations, certaines banques (Crédit coopératif et la Nef), etc. Et dans notre cas : accompagner les personnes en quête de sens 😉
Conclusion, toute l’économie pourrait (devrait ?) être sociale. C’est en tout cas ainsi qu’elle aurait le plus / le meilleur impact selon moi.