Solenn, de l’humanitaire à l’entrepreneuriat pour la transition écologique

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Plan de l'article

Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…

Qui es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?

« Je suis Solenn Assathiany, co-fondatrice de Mélibée, une structure qui accompagne les entreprises ou d’autres organisations professionnelles dans leur transformation écologique et solidaire, en s’appuyant sur l’intelligence collective des collaborateur.trice.s.

J’ai créé Mélibée avec Agathe Pietrantoni, qui a aussi été accompagnée par Mon Job de Sens. Nous créons des ateliers et processus participatifs sur mesure pour les acteurs des organisations (équipes, managers, directions…), afin de faire émerger des solutions et/ou des projets pilotes de transformation. Dans un second temps, nous proposons également d’apporter un suivi et du conseil en conduite du changement, pour le passage à l’action. »

Quel est ton parcours professionnel ?

« J’ai travaillé 8 ans dans le secteur des ONG, pour Human Rights Watch et Médecins du Monde, principalement sur des postes de gestion de projets et de ressources humaines.

Je trouvais beaucoup de sens et une très grande richesse de liens humains dans mon travail, mais il me manquait quelque chose : une profonde motivation pour la cause que je servais. C’est surprenant de dire ça quand on travaille dans l’humanitaire, mais lorsque j’ai compris que le secteur vers lequel je voulais aller était la transition écologique, j’ai saisi pourquoi.

A quoi bon travailler à « sauver des vies humaines » si notre planète n’est plus viable dans quelques décennies ? J’ai alors décidé de centrer tout mon engagement, personnel et professionnel, pour être actrice de cette transition écologique, en la voulant aussi solidaire. »

Comment s’est passé ton déclic pour chercher ton job de sens ?

« Ça ne s’est pas fait en un coup, c’était un processus long. J’ai eu la chance de travailler dans un secteur que j’avais choisi, de vivre des expériences professionnelles incroyables, en Côte d’Ivoire, en Territoires palestiniens, en Irak, en Turquie, au Liban, mais aussi en France.

Et pourtant, je sentais que je ne pouvais pas évoluer vers des postes qui m’intéressaient dans ce secteur. Il y avait un blocage. J’ai d’abord pensé que je voulais m’orienter vers le secteur culturel. J’ai fait du bénévolat dans une association en charge de l’organisation d’un festival en Seine-Saint-Denis. Mais j’ai compris que ce n’était pas non plus ma voie.

Et puis, j’ai eu la chance de pouvoir quitter mon travail et de partir avec mon conjoint pour une année à Istanbul. Cette pause m’a permis à la fois de retrouver une vie plus calme, plus enrichie de mes centres d’intérêt personnels. Surtout, j’ai pu me faire coacher pour tenter de trouver quelle était ma « vocation », au sens d’une voie où s’aligneraient motivations, talents et perspectives d’emploi.

Très vite, c’est le sujet de la transition écologique qui m’est apparu comme inévitable. A partir de là, j’ai déjà commencé à poser des actions très concrètes, à mon niveau, pour changer mon propre mode de vie, notamment à travers la démarche du « zéro déchet ». Et puis en faisant cela, j’ai compris la globalité des impacts de l’activité humaine au niveau environnemental, mais aussi le lien avec des enjeux sociaux et sanitaires, sujets que je connaissais déjà un peu à travers mes expériences avec Human Rights Watch et Médecins du Monde.

J’ai alors commencé à me former plus largement sur la gestion des déchets, la mode responsable, notamment. En parallèle, je me suis aussi formée à l’entrepreneuriat social, en suivant des MOOC de l’ESSEC et de Ticket for Change/HEC. L’entrepreneuriat à impact positif m’attirait, mais je ne pensais pas que j’étais capable de devenir entrepreneuse.

De retour en France, j’ai commencé à participer à quelques ateliers et conférences autour de la transition écologique et je me suis engagée bénévolement au sein du collectif Edeni. J’ai découvert Mon Job de Sens sur internet. Je me suis dit que ça répondait parfaitement à ce dont j’avais besoin : trouver les ressources pour m’appuyer sur mon parcours passé pour aller vers le secteur de la transition écologique.

En parallèle, j’ai rencontré Agathe. Très vite ça a été LA révélation ! Durant un atelier Mon Job de Sens « Booster sa candidature pour l’ESS », lors d’un travail en binôme, j’ai dit :

« J’aimerais me lancer dans l’entrepreneuriat à impact positif mais je n’ose pas »

et j’ai précisé que j’aimerais trouver un.e associé.e avec qui me lancer. Agathe (que je connais par ailleurs) était aussi présente à cet atelier, en recherche d’emploi comme moi. Mon binôme me demande : « Et pourquoi tu ne ferais pas quelque chose avec Agathe ? »

Et oui, pourquoi pas ? Trois jours après, on discutait toutes les deux d’un projet d’entrepreneuriat ensemble. Deux semaines plus tard, nous réfléchissions à notre business plan en commençant par nos missions, nos valeurs, notre vision. Moins d’un an et demi après, Mélibée a bien démarré et nous sommes ravies de travailler ensemble ! C’est en particulier la complémentarité de nos personnalités qui fait que l’on forme un binôme très efficace. »

Comment s’est passé ton expérience avec Mon Job de Sens ?

« J’ai participé à cet atelier dont je parlais plus haut. Je me suis sentie, d’une part, mise en confiance sur le fait que je n’avais pas d’expérience professionnelle dans le secteur même de la transition écologique, mais que j’avais de nombreuses compétences et des talents qui pouvaient être recherchés dans ce secteur.

J’ai bien mieux identifié ces talents, mais j’ai aussi appris à me « raconter », car tout processus de transition pose la question de la légitimité. Or, en racontant l’histoire qui va derrière le choix de réorientation professionnelle, la légitimité va de soi. Ensuite, le savoir-faire s’acquiert progressivement une fois que l’on est lancé.

Par ailleurs, les exercices en binôme ou en groupe lors de l’atelier m’ont apporté cet effet miroir que l’on n’a pas lorsqu’on réfléchit seul.e sur ce que l’on est, ce que l’on sait faire et les opportunités qui nous entourent. Suite à cet atelier, j’ai eu envie d’aller plus loin pour développer ma confiance en mon potentiel  d’entrepreneuse.

Olivier, coach chez Mon Job de Sens, m’a notamment fait travailler sur mes peurs et les freins qui venaient principalement d’idées pré-conçues que j’avais en tête. Et puis, c’est aussi ma collaboration avec Agathe qui m’a donné l’énergie d’oser ! »

Où en es-tu aujourd’hui ? A quoi ressemble ta vie professionnelle ?

« Ma vie professionnelle est hyper épanouissante. Je sers une cause qui me motive profondément. Je travaille en permanence en lien avec d’autres personnes. Pour toutes les interventions faites par Mélibée, on utilise des méthodologies d’intelligence collective, de co-design, qui permettent vraiment de voir la puissance créative et l’agilité qui peuvent émerger des collectifs pour transformer les impacts environnementaux et sociaux des organisations.

En revanche, l’entrepreneuriat, même quand ça démarre bien, prend du temps avant de pouvoir donner lieu à une rémunération. Au début on doit travailler sur plein de sujets différents (business plan, offre de valeur, prospection commerciale, communication, développement de partenariats, formation sur des aspects techniques de ce que l’on vend…), qui font appel à de multiples compétences.

C’est super fascinant de découvrir, d’apprendre, de voir des avancées… Mais avant d’être rentable et pouvoir en vivre, je crois, de ce que j’observe autour de moi, qu’il faut 2 à 3 ans. Pour ma part, j’ai la chance de pouvoir avoir ce temps devant moi. Mais je serai pleinement satisfaite de cette nouvelle vie professionnelle quand elle sera plus pérenne sur le plan financier.

Evidemment, la période de confinement a porté un bon coup de ralentissement à nos activités commerciales. Mais on en a profité pour avancer sur plusieurs chantiers de fond, histoire de repartir de façon encore plus qualitative, car nous sommes persuadées que ce que propose Mélibée va être de plus en plus recherché dans les années à venir. »

Comment gères-tu ton équilibre vie pro / vie perso ? Comment se déroulent tes journées de travail ?

« Mon équilibre vie professionnelle – vie personnelle est super important bien sûr. Dans ma vie dans l’humanitaire, j’ai eu plusieurs phases de grande fatigue liées à une surcharge professionnelle, et je ne veux plus revivre ça. Je suis assez organisée pour que mes soirées et weekends soient libres pour ma vie personnelle (sauf période exceptionnelle où il faut travailler davantage).

Le contenu de mes journées de travail est très variable, et c’est ce que j’aime. Beaucoup de temps en interaction, de travail en intelligence collective, de formation, de développement de contenu et bien sûr, de l’animation d’ateliers. De la gestion financière et administrative, mais peu, car nous faisons partie d’une Coopérative d’Activité et d’Emploi (Port Parallèle, devenu Omnicité) qui est en charge, entre autres, de la comptabilité, de la gestion de la trésorerie et de la validation juridique de nos engagements commerciaux.

Et puis la partie prospection commerciale, c’est surtout Agathe qui s’en occupe. C’est l’une de ses grandes forces ! »

Quels sont les enjeux liés à ton secteur ? Est-ce un secteur qui recrute ?

« Mon secteur est vaste… Je vais parler du secteur de la transformation écologique des organisations. Les enjeux, je dirais que c’est d’arriver à voir se multiplier des fonctionnements et des modèles d’affaires dans les entreprises et les organisations qui tiennent compte des limites planétaires et qui contribuent davantage au bien humain. Et ce, à court terme, car il nous reste peu de temps pour agir et atténuer les conséquences trop douloureuses du changement climatique pour les sociétés.

Etant donné le boulot que l’on a devant nous pour que l’on perçoive des changements positifs concernant la planète et la société, et compte tenu de la pression citoyenne et réglementaire et de la transformation des mentalités, il va y avoir des emplois créés dans ce domaine, je le pense et l’espère. »

Quel serait ton conseil pour quelqu’un qui cherche son job de sens ?

« Quand on commence à se poser la question de son job de sens, c’est que l’on va opérer une transformation. Alors il ne faut pas trop laisser ses peurs agir comme des freins. Travailler sur ses peurs permet d’avancer plus vite et de voir plus clairement où l’on souhaite aller.

Et puis, il faut rencontrer du monde, être curieux.se, interroger celles et ceux qui nous inspirent. »

Quelque chose à ajouter ?

« J’ai conscience que cette possibilité de changement de vie est un privilège et que tout le monde n’a pas facilement accès à cela. Je trouve qu’il y a un sujet de justice sociale à creuser autour des possibilités de transition professionnelle vers des jobs de sens. »

Un grand merci, Solenn, pour ton témoignage !

Pour en savoir plus sur Mélibée, c’est ici !

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