L’épanouissement au travail sans se mettre la pression

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Vous aussi, ça vous donne la nausée d’entendre parler de sens au travail et d’épanouissement professionnel à toutes les sauces comme si c’était le secret du bonheur absolu ? « Trouvez-les et chaque jour sera un plaisir inouï ! » En tant que coach professionnelle qui s’est déjà sentie très épanouie au travail, dans le secteur de l’écologie et ailleurs, cette façon de voir les choses me pose 2 problèmes :

Épanouissement au travail, une fausse promesse ?

Quand j’entends parler de sens et d’épanouissement au travail, j’ai parfois l’impression d’entendre un slogan publicitaire ou d’assister à une émission de télé-achat. Des mots et des promesses qui donnent envie… mêlés à des visuels de banques d’images gratuites : 

Dans cet univers, quand on est épanoui au travail, on affiche un immense sourire sur son visage en levant les bras au ciel assis devant son écran d’ordinateur ou en tapant dans la main de ses collègues, tout autant en extase, et rayonnant du bonheur d’être ensemble. Et s’il y a des plantes vertes, des pizzas ou des confettis en arrière-plan, c’est encore mieux.

Dans ce monde, c’est comme si trouver un « job de sens » revenait à acheter le dernier robot-cuiseur multifonctions. Un appareil révolutionnaire qui résout tous nos problèmes grâce à ses 148 programmes, qui supprime la charge mentale et va même faire les courses à notre place. Mais en fait non. C’est juste un robot cuiseur dont certaines fonctions ne serviront jamais car les endives au jambon ce n’est pas notre truc même si c’est plus facile à faire depuis qu’il y a un bouton pour ça. 

Non seulement le robot ne fait pas les courses mais il ne répond toujours pas à la question : “qu’est-ce qu’on mange ce soir ?”. De la même manière, la quête de sens au travail risque d’être illusoire si on s’attend à appliquer une recette universelle (spoiler : qui n’existe pas) sans se poser la question de ce que l’on veut et aime vraiment.  

Une injonction de plus qui pèse sur nos épaules

Constat : le travail n’est plus une fin en soi. Au contraire, il est de plus en plus vécu comme un moyen de se réaliser personnellement (voire d’accomplir sa “mission de vie”).

Il n’est plus rare de voir le critère du salaire et les choix de carrières plus classiques relégués au second plan derrière : la compatibilité avec ses valeurs, l’utilité sociale, l’épanouissement personnel, la qualité des relations et l’impact environnemental. Et c’est une très bonne nouvelle ! 

Mais les quêtes de sens et d’épanouissement deviennent un problème quand elles se transforment en une norme qui s’accompagne de honte, pression et culpabilité : 

  • La honte de parler de son métier en soirée si on n’a pas un “pourquoi” impactant et inspirant, un projet qui change le monde ou tout simplement que l’on ne s’éclate pas tous les jours dans son boulot.
  • La pression de se sentir le/la seul.e responsable de son manque d’épanouissement car “quand on veut, on peut” et que les exemples de reconversions épanouies regorgent sur LinkedIn. 
  • La culpabilité d’avoir un travail dont on apprécie le salaire, la sécurité ou la proximité mais qui ne sauve ni la planète ni des vies. Ou la culpabilité inverse de travailler au service d’une noble cause sans être prêt à y sacrifier tout son temps, sa vie personnelle, son confort et son énergie. 
Source : Freepik

Alors comment éviter les désillusions et injonctions liées à ces quêtes ? 

Se rappeler que le sens et l’épanouissement sont 100% subjectifs 

Une erreur classique est de penser qu’il y a des entreprises, secteurs ou métiers épanouissants par nature et d’autres qui ne le sont pas du tout. Comme si c’était une caractéristique inhérente, un fait avéré aussi évident et incontestable qu’une banane est jaune. 

C’est ce que j’ai longtemps pensé quand j’occupais un poste dans un tiers-lieu de la transition écologique. Je me disais : “N ’importe qui serait épanoui dans ce job, il a tellement de sens. Donc si je ne m’y sens plus bien c’est que je suis une éternelle insatisfaite”. 

En réalité, il est assez difficile de s’accorder sur ce qui a du sens ou non car c’est une question de convictions, de valeurs, de besoins et de vision du monde. Tout cela est profondément intime et subjectif. 

Je l’ai compris quand une amie avec laquelle j’ai de nombreux points communs m’a dit, qu’à ma place, elle n’aurait jamais postulé car mon job ne lui faisait pas du tout envie. Pourtant, quand j’ai recruté ma remplaçante, j’ai reçu des dizaines de candidatures enthousiastes de personnes qui voyaient beaucoup de sens dans ce poste. 

Cela m’a permis de comprendre que ce qui a du sens n’est pas universel. C’est à chacun de s’en faire une propre idée et d’assumer cette singularité personnelle. J’en ai la confirmation à chaque fois que j’accompagne une personne dans ses questionnements professionnels. 

Chez mon Job de Sens, nous voyons le sens comme un cocktail signature dont chacun.e détient le juste dosage des ingrédients. Notre rôle est d’accompagner le processus pour le déterminer. 

Source : Unsplash

On peut les trouver puis les perdre (…et les retrouver)

Dans ce deuxième point, ça se corse un peu : ce qui contribue à l’épanouissement et au sens au travail est non seulement propre à chacun.e, mais en plus ça évolue. 

En tant qu’humains, nous changeons au fil de nos expériences, rencontres, apprentissages, conditions de vie, etc. Nous ne sommes pas exactement la même personne à 20 ans qu’à 40 et il existe différentes versions entre les deux. Il est donc normal que nos visions du monde et du sens évoluent en parallèle, non ? 

Cela explique qu’un métier ou un secteur d’activité dans lequel on s’est senti.e très épanoui.e à un moment puisse, un jour, ne plus avoir de sens. On ne s’y retrouve plus et on se dit qu’on a dû prendre un mauvais chemin quelque part. Or on ne s’est pas forcément trompé ; on a juste changé. 

Prendre le temps de mettre à jour ce qui a du sens pour soi c’est comme rafraîchir une page de son moteur de navigation ouverte depuis trop longtemps. Après quelques instants de page blanche arrivent des informations actualisées et plus utiles. Faire un bilan de compétences est l’une des options possibles pour actualiser votre moteur de recherche et ce que vous voulez pour votre vie professionnelle.  

Source : Freepik

Voir les options plutôt que LA solution

Le moyen le plus simple de faire baisser la pression quand on cherche LE choix de carrière qui nous épanouira c’est de comprendre qu’il n’existe pas. Ou qu’il en existe plein. LE choix, l’unique, l’élu, THE aiguille dans la botte de foin… n’existe pas. 

Croire en une voie unique, c’est se mettre dans le même état d’esprit qu’une personne qui cherche “où est Charlie ?” dans un décor confus. On cherche à éviter les pièges et les trompe-l’œil. On élimine les autres personnages en une microseconde. C’est un univers de vrai ou faux. 

Source : Influencia

Une démarche plus utile est de partir d’abord de vous (de vos besoins, aspirations, valeurs et talents…). Puis, de chercher, avec curiosité et ouverture, toutes les options qui sont compatibles. Certaines le seront plus que d’autres, à différents degrés. 

C’est pourquoi, dans le parcours Mon Job de Sens, les transitionneurs imaginent différents scénarios pour leur vie et réalisent des explorations apprenantes. C’est ce qui leur permet de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, de les évaluer selon plusieurs critères, de faire le tri et d’opérer des ajustements. On passe d’une vision en VRAI / FAUX à une vision plus nuancée dans laquelle il existe une marge de manœuvre. 

Alléger sa responsabilité et changer ce que l’on peut 

Une partie de la pression que l’on ressent vis-à-vis de l’épanouissement au travail vient aussi de l’idée qu’il ne tient qu’à nous de faire les bons choix. Nous sommes acteurs et actrices de nos vies alors prenons notre épanouissement au travail en main, bon sang ! A nous d’y trouver du sens, voire de le créer. 

Méditer, entreprendre, lâcher prise, se reconvertir, se faire coacher… on a le choix, et il n’y a plus qu’à. Cela crée une illusion de toute puissance, additionnée à une responsabilité purement individuelle. 

Pourtant, il y a une partie de la vie professionnelle que l’on contrôle souvent peu, voire pas du tout : la culture d’entreprise, l’organisation interne, la stratégie RH, les personnalités de nos collègues et de nos clients, un changement de chef, les aléas du marché… 

Distinguer ce qui est sous son contrôle et ce qui ne l’est pas, là est notre véritable responsabilité (et même la sagesse d’après Marc-Aurèle). Je suis convaincue qu’une part importante de l’épanouissement au travail repose donc, non pas sur notre fiche de poste, mais sur notre capacité à revoir notre rapport au travail. 

Cela implique de savoir reconnaître et se dissocier des responsabilités extérieures à soi : celle de son employeur, de sa/son chef.fe, de la société, des dirigeants politiques etc. La clé : avoir conscience de ce qui est vraiment de notre ressort et sous notre contrôle pour s’approcher le plus possible d’un environnement qui nous convient. 

“Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé; et le courage de changer de qui peut l’être; mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre.”  

Marc Aurèle

Il n’y a pas que le travail dans une vie épanouie

Cela peut sembler contre-intuitif, mais notre épanouissement au travail relève en grande partie de la place qu’il laisse aux autres rôles de notre vie. 

Nous ne sommes pas que des travailleurs. Nous sommes aussi des parents, des amis, des enfants, des amoureux, des membres d’association ou de collectifs, des artistes, des sportifs, des lecteurs, des jardiniers, des bricoleurs, des bénévoles, des voyageurs, des rêveurs, des êtres spirituels… des personnes qui font et qui sont bien plus encore. 

Quand j’ai connu l’inverse du sens et de l’épanouissement au travail, à savoir la sensation de vide et d’épuisement, j’ai compris que mon erreur avait été de mettre presque tous mes œufs dans le même panier. Le panier du travail. 

Source : Freepik

Quand on aime se sentir engagé.e dans son travail et animé.e par le sens qu’on y trouve, on y met souvent beaucoup de sa personne et de son énergie. Le sur-engagement et la fusion ne sont pas loin, parfois jusqu’à l’écœurement. Il arrive alors qu’on se sente incapable de répondre à la question “Qui suis-je en dehors de mon travail ?”. On ne voit plus les autres paniers. 

Je vois l’équilibre entre les différentes sphères de notre vie comme des paniers en osier dans lesquels nous choisissons de mettre plus ou moins d’œufs, en fonction des moments de la semaine, de l’année et de la vie. Libre à chacun.e de déterminer le nombre et la taille de ses paniers ainsi que la répartition de ses œufs. 

Le bénéfice : investir les autres sphères de sa vie permet non seulement de cultiver sa liberté et son énergie mais aussi d’éviter une relation de dépendance, de frustration ou de sacrifice vis-à-vis de son travail. 

Le parcours Mon Job de Sens va donc au-delà des questionnements purement professionnels :  Nous vous invitons à explorer votre vie dans son ensemble (vision de la vie, journal d’activités, réussites personnelles, scénarios de vie etc.) pour que vous puissiez prendre en considération la place nécessaire à vos autres paniers. 

Comprendre que l’on reste un humain qui navigue dans la vraie vie 

Ce dernier point est essentiel : la vie professionnelle, ça reste la vie. Avec ses hauts et ses bas. Oui, avoir un job qui colle bien avec votre définition du sens, c’est une grande source de joie, de cohérence intérieure et d’enthousiasme. Un grand OUI. 

Mais ce n’est pas un monde où :

  • tout se passe toujours bien,
  • on aide tout le monde, 
  • les gens sont toujours sympathiques et sur la même longueur d’ondes, 
  • les réunions sont 100% efficaces,
  • on adore tous les lundis
  • les to-do lists entrent pile poil dans l’agenda,
  • nos problèmes personnels ne nous affectent pas,
  • il y a du plaisir et de l’utilité dans toutes les tâches, 
  • il n’y a pas de frustration, de peur, de doutes… 
  • on se sent légitime, confiante, sereine en toutes circonstances, 
  • notre chef est l’incarnation même de la bienveillance,
  • les collègues sont empathiques, écoutent activement nos besoins et ont conscience de nos limites etc. 

Bref, vous avez compris. Les mauvaises journées, les doutes et les émotions désagréables font aussi partie de la vie professionnelle des personnes qui ressentent beaucoup d’épanouissement dans leur travail. Leur présence ponctuelle n’est pas le signe que quelque chose cloche avec vous. C’est le signe que vous êtes humain.e. C’est là toute la différence avec les photos des banques d’images gratuites. 

Les nuances, toujours les nuances. C’est plutôt la récurrence ou la constance des moments désagréables qui est le signe que le moment est peut-être venu pour vous d’apporter du changement dans votre vie professionnelle et d’y mettre plus de sens. Les rendez-vous découverte sont justement l’occasion de faire le point sur votre situation et vos besoins avec un autre humain. 

Pour conclure

L’idée que l’on se fait du sens au travail (ou de son cousin l’épanouissement professionnel) reste profondément personnelle et peut évoluer dans le temps. 

Prendre conscience des différents ingrédients qui les composent, selon soi, permet de prendre du recul et d’en créer sa propre définition, au-delà des injonctions et des images toutes faites. 

Avec Mon Job de Sens, nous vous aidons à faire émerger votre propre vision du sens et de l’épanouissement au travail, à élargir le spectre des options possibles et à les explorer pour vous en rapprocher concrètement, pas à pas. 

Et vous, quelles sont les injonctions professionnelles desquelles vous souhaitez vous défaire ?

Si cet article vous a plu, découvrez le podcast de Marie « Meilleure Alliée » qui vous aide à cultiver la relation la plus importante de votre vie : votre relation à vous-même ! Vous pouvez aussi contacter Marie sur LinkedIn.

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