Éco anxiété : en faire un moteur pour passer à l’action

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Inondations, feux de forêts, dérèglement climatique, pollution des océans, espèces menacées… Des mots résonnant en vous, écrits à l’encre rouge, qui éveillent des sentiments d’angoisse, de tristesse ou de colère parfois difficiles à contrôler. Un mal-être qui a un nom :  l’éco anxiété. Mais qu’est-ce que c’est  ? Et comment la transformer en énergie positive ?

Éco anxiété : de quoi parle-t-on ?

Détresse, angoisse, colère, stress… Un cocktail d’émotions négatives

L’éco anxiété est un état de souffrance et de détresse provoqué par les bouleversements environnementaux présents ou futurs devant lesquels nous nous sentons impuissants, et qui mène à un cumul émotionnel parfois trop puissant à gérer.

De plus en plus de personnes se sentent touchées par cette forme d’angoisse après des phénomènes climatiques, sociétaux et environnementaux, la pandémie ayant accru cette accumulation de sentiments négatifs. 

“Je le vis comme une espèce d’oppression, plus ou moins forte suivant le jour. C’est assez difficile de gérer ce sentiment.” nous confie, Elodie, l’une de nos transitionneuses. “Moi qui suis une personne très calme, je ressens beaucoup de colère face à tout cela, et j’ai du mal à gérer cette émotion forte” ajoute Clara.

Considéré comme le nouveau mal du siècle, ce terme un peu fourre-tout regroupe de multiples formes d’inquiétudes liées à la crise écologique. Il existe différents stades et manières d’exprimer cet état. 

A ne pas confondre avec la solastalgie, qui est plutôt une détresse rétrospective, c’est-à-dire relative aux évènements passés, à la perte d’un environnement que l’on a connu et qui est dégradé, avec le risque de ne pas le retrouver un jour. Par exemple, après un tremblement de terre ou une inondation, lorsqu’un lieu de vie est totalement détruit et méconnaissable.

Qui sont les éco-anxieux ?

La thérapeute Charline Schmerber différencie 3 typologies de personnes souffrant d’anxiété environnementale :

  • « burn out” écologique : les personnes très impliquées dans l’écologie, qui ressentent alors beaucoup de fatigue, de tristesse et de dépressions.
  • “éveil écologique traumatogène” : pour les personnes qui ont une prise de conscience soudaine de l’état du monde, avec un sentiment d’urgence, une interrogation et remise en question mélangées à de la colère et de l’incrédulité
  • “éveillés lucides” : une sensibilité à la question de l’environnement, solastalgie, processus graduel

Chacun aurait en soi le potentiel pour devenir éco-anxieux, il n’y a pas de profil type. Même s’il semblerait que la nouvelle génération soit particulièrement concernée : selon une étude réalisée récemment par l’institut Kantar auprès de 10 000 jeunes dans 10 pays, 75% des 16-25 ans souffrent d’éco anxiété !

 

Source : Free-Photos, Pixabay

Comment gérer son éco anxiété ?

Vous aussi, l’état du monde vous angoisse et l’inaction vous révolte ? On a deux choses à vous dire : 

  1. Tout ce que vous pouvez ressentir est normal, cela signifie que vous n’êtes pas insensible aux informations que vous recevez !
  2. Vous n’êtes pas seul.e ! Même si l’absence de réactions de la part de vos proches vous donne l’impression d’être isolé.e, sachez que nous sommes nombreux à partager votre frustration, colère, stress au quotidien…

Nous n’avons pas la recette miracle pour se débarrasser de toutes ces émotions négatives. Mais on a quand même quelques pistes qui pourraient vous aider, que l’on vous partage ici. 

Mettre des mots sur les maux

L’éco anxiété est un état qu’on peut décliner en plusieurs étapes émotionnelles. Pour aller de l’avant, il est utile de prendre le temps de mieux comprendre ce que l’on ressent. 

Pour cela, la courbe du deuil (issue des travaux de la psychiatre et psychologue suisse Elisabeth Kübler-Ross) est un outil qui permet de situer l’étape à laquelle on se trouve pour faire un pas dans la bonne direction.

Il existe 7 étapes vécues suite à un changement marquant. On ne passe pas nécessairement par toutes les étapes, et on peut faire des allers-retours entre chaque. C’est plutôt un chemin général, sur lequel on peut bifurquer :

la courbe du deuil appliquée à l'éco anxiété

 

Ce visuel est gracieusement partagé (licence Creative Commons) par Matthieu Van Niel de tatoudi.com (qu’on en profite pour remercier et féliciter pour son travail !)

Arrivez-vous à situer là où vous en êtes et par quelles étapes vous êtes passé.e ? Prendre du recul et analyser vos ressentis peut vous aider à “remonter la courbe” pour vivre plus sereinement la situation. 

Verbaliser et accepter ses émotions pour mieux les gérer est un processus qui prend du temps. Cela peut être frustrant et entraîner des relations conflictuelles avec vos amis, vos proches ou vos collègues. Mais patience : vous ne pouvez pas changer le monde en un claquement de doigt ! 

Rappelez-vous que l’on ne peut pas porter de soin aux autres (ou à la planète) sans prendre soin de soi d’abord. Vous n’arriverez pas à faire changer les choses autour de vous si cela part d’un sentiment d’énervement ou de peur. 

Transformer ses sentiments négatifs en actions positives

Pour Alice Desbiolles, docteure de santé environnementale et autrice de L’éco anxiété : vivre sereinement dans un monde abîmé, l’éco anxiété ne condamne pas au malheur. « Elle permet souvent de se reconnecter à soi avec de nouvelles valeurs, de déclencher une mise en mouvement, de nouveaux choix de vie. » 

Elle y voit même une réaction salutaire. Et si nos émotions négatives pouvaient servir de force motrice pour agir ? “L’anxiété environnementale peut aussi être très positive dans la mesure où elle pousse à l’action” confirme Lily Lessard, professeure à l’Université du Québec à Rimouski, nommée au Cercle d’excellence de l’Université du Québec.

On peut commencer petit : ne négligez pas l’impact des gestes du quotidien. En donnant l’exemple à suivre, cela peut déclencher un intérêt dans votre entourage, à la maison comme au travail. 

Les personnes autour de vous restent insensibles à vos efforts et vos discours ? Pire, vous passez pour “l’écolo relou” ? Même si vous avez un fort sentiment d’urgence, faire changer les mentalités prend du temps. Ne cherchez pas à endosser une responsabilité trop grande tout seul, puisque le problème est planétaire et ne peut se régler à la seule échelle individuelle. 

Passer à l’échelle collective

Si vous avez l’impression de manquer de soutien dans vos engagements environnementaux autour de vous, créez des liens avec des personnes plus en phase avec vos valeurs. Vous pouvez favoriser de nouvelles rencontres :

  • En fréquentant des éco-lieux (tiers-lieu, épicerie vrac, café solidaire, ressourcerie…)
  • En vous engageant dans un projet ou une association proposant des actions locales : ramassage de déchets, sensibilisation, animation d’ateliers, chantier participatif, engagement citoyen ou politique local, organisation d’événements… Vous avez l’embarras du choix !
  • En donnant une empreinte positive à votre travail : “verdir” votre métier, rejoindre une structure de l’ESS, lancer votre projet entrepreneurial à impact…

On a parfois tendance à se dire que si on reste entre personnes convaincues, que rester dans “l’entre soi” ne sert à rien. Eh bien non ! Au contraire : quand on a identifié un petit groupe de personnes avec qui on partage une vision, des idées, on peut monter ensemble des projets qui inspirent et donnent l’exemple. Et comme disait Albert Schweitzer : “l’exemplarité n’est pas la meilleure façon d’influencer, c’est la seule”.

Adopter cet esprit constructif permet d’avoir un rayonnement positif, de retrouver une forme de puissance, et ainsi transformer sa colère en énergie motrice, sans s’épuiser face aux sceptiques et aux indifférents.

Et pour choisir le projet dans lequel vous investir qui aura le plus d’impact, tentez d’identifier les besoins réels de votre territoire. Ils tournent généralement autour de l’alimentation, de l’habitat, de l’énergie, de l’assainissement, de l’éducation, du vivre ensemble, etc.

Charlotte, une autre transitionneuse, l’affirme : “Le militantisme n’est pas fait pour tout le monde, mais il existe plein de formats pour agir collectivement”.

Il faut simplement trouver ses complices pour passer les caps qui nous bloquent et déployer notre impact !

Passez du côté lumineux de la force !

Un grand maître (Yoda) a dit un jour : « La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. »

Ainsi, comme pour Luke Skywalker, deux chemins s’offrent à vous : il y a le côté obscur, celui déprimant avec une écologie médiatisée et dramatique, qui verse dans le fatalisme. Puis il y a cette force, qui vous donne un air d’espoir et l’envie d’agir (pour votre bien-être et celui de la planète).

Alors, quel côté allez-vous rejoindre ? Que la force soit avec vous !

 

 

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