Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…
Qui es-tu ?
“Je m’appelle Diane, je suis mariée et j’ai 3 enfants. J’ai plus de 35 ans de carrière dans le secteur agroalimentaire comme ingénieure agronome.
Je suis aujourd’hui secrétaire générale de COFALEC et CSFL, les syndicats européens et français des industriels producteurs de levure.”
Quel est ton parcours ?
“Dans mon précédent poste, je travaillais sur un projet de développement de la gastronomie française à l’international, notamment avec la mise en place d’un concept store à Singapour pour promouvoir la vente et la consommation de nombreux produits gourmets de nos terroirs en Asie du Sud Est.
Après 15 ans d’expérience dans l’export et le développement international, c’était comme une sorte de couronnement de ce que j’avais fait dans ma carrière. Tout était parfait, jusqu’au jour où l’on m’a annoncé que cette mission prenait fin, au profit d’une autre dans le domaine des affaires publiques.
Or, le premier dossier que l’on envisageait de me confier consistait à défendre l’usage du glyphosate. Ma réaction a été immédiate, je leur ai dit : “Vous n’avez pas choisi la bonne personne pour faire ça, ça ne va pas le faire !”. Très vite, mon employeur a compris qu’on n’irait pas plus loin ensemble, et cela s’est terminé rapidement entre nous…
Quitter mon emploi à 58 ans a été comme un coup de massue pour moi, même si j’étais satisfaite d’avoir trouvé le courage de ne pas participer à ce projet, qui allait contre mes principes. Lors de mon embauche, 3 ans auparavant, j’étais persuadée que ce serait le dernier poste de ma carrière et que je célébrerais mon pot de départ en retraite au sein de cette entreprise.
Mais ça ne s’est pas passé comme cela, et il a fallu encaisser. Je me suis retrouvée soudainement au chômage et j’avais un goût amer de “déjà vu”. Mais même si je savais que ça allait être compliqué, je n’étais pas prête à reprendre n’importe quel travail.
C’est à ce moment que j’ai suivi le parcours Mon Job de Sens avec Laura. Il est arrivé au bon moment pour me permettre de reprendre confiance en moi, de me rebooster et de repartir de l’avant. J’aurais pu me dire : “Vu ton âge, de toute façon, il faut arrêter d’être exigeante et prendre la première opportunité qui se présente”. Mais non, je ne voulais pas accepter n’importe quoi.
J’avais du temps, c’est l’avantage quand on a plus de 55 ans : on bénéficie de trois années de chômage qui permettent de voir venir. J’ai décidé d’utiliser ce temps pour bien réfléchir à mon projet professionnel et reprendre un travail qui soit vraiment aligné avec mes valeurs, mes sens, et ce que j’avais envie de faire.”
Comment s’est passée ton expérience avec Mon Job de Sens ?
“Le parcours m’a avant tout aidée à me reconstruire et à reprendre confiance en moi. La rupture conventionnelle est une période assez difficile où l’on est amené à se remettre beaucoup en cause. C’est important de retrouver confiance et énergie dans ces moments-là.
Et cela peut prendre du temps. J’ai quitté mon poste en novembre 2017, j’ai suivi le parcours Mon Job de Sens juste après, et j’ai repris un travail en juin 2019. Il faut donc savoir être patient, surtout à mon âge. Mais cela en valait la peine, parce que je ne me voyais pas revivre avec des dissonances cognitives aussi fortes qu’avant dans ma vie professionnelle.
J’ai donc cherché à clarifier ce qui était important pour moi, ce que je voulais faire, là où j’étais douée… Pour cela, il y a plein d’outils intéressants que j’ai aimés dans le parcours :
- Le journal d’activités, qui permet de vérifier quelles sont les activités au quotidien qui nous donnent de l’énergie ou au contraire celles qui nous en prennent.
- Le test Gallup pour identifier ses talents : cela m’a beaucoup aidée pour reprendre confiance dans mes forces, qui me servent encore aujourd’hui. On ne se rend pas compte que ce sont des forces justement, car elles sont naturelles. Échanger avec les autres participants permet de réaliser que ce qui est facile pour nous ne l’est pas pour d’autres, et inversement : elles sont propres à chacun. C’était utile pour comprendre où j’étais performante et savoir où je voulais aller.
- Le fait de ne pas être toute seule m’a aussi beaucoup aidé dans ma recherche d’emploi. Être intégrée dans un réseau, avec des gens qui étaient dans la même situation que moi, était précieux à ce moment-là.”
Comment es-tu arrivée dans ton job actuel ?
“Après avoir retrouvé une certaine énergie, et clarifié ce vers quoi je voulais aller, j’ai cherché à me rendre visible et être beaucoup plus active sur LinkedIn. C’était un effort pour moi, car je ne vais pas naturellement poster, liker, partager des infos sur ce réseau.
Mais cela m’a permis de me rapprocher de l’univers de l’agriculture et du développement durable. Je me suis donc donné comme routine de relayer régulièrement du contenu en lien avec ces domaines et de travailler activement mon réseau.
Mes efforts ont fini par payer : un cabinet de recrutement m’a contactée par ce biais pour me proposer un poste (celui que j’occupe actuellement) ! Paradoxalement, cet emploi était en lien avec l’écosystème dans lequel je travaillais il y a 5 ans. J’aurais pu être alertée de l’offre par des amis en poste, mais personne n’a pensé à me le dire. Je serais donc passée à côté si je n’avais pas été démarchée grâce à mon activité sur LinkedIn.
A ce moment-là, j’avais commencé à développer une activité de consultante indépendante, et j’étais même inscrite au sein de Port Parallèle (aujourd’hui OmniCité), une coopérative d’activités et d’emploi (CAE). Le but de ce type de structure est de faciliter la vie des entrepreneurs. Ceux-ci deviennent salariés de la CAE qui mutualise leur chiffre d’affaires respectif.
Ainsi, je conservais le statut de salarié (avec les avantages associés), je bénéficiais d’un accompagnement au développement de mon activité, tout en rencontrant des personnes dans la même dynamique que moi. J’avais un premier client, mais je poursuivais malgré tout mes recherches d’emploi salariée.
Au final, je n’ai pas eu le temps de mettre en œuvre mon projet entrepreneurial parce qu’on m’a proposé le poste avant. Pour m’assurer que j’avais fait le bon choix, j’ai fait une liste de “pour et contre”. Le seul point de vigilance que j’avais identifié était l’intensité du rythme de travail.
Et en effet, c’est assez intense ! Heureusement, ce sont des structures bienveillantes (le syndicat européen et français des levures) qui sont à l’écoute, et je vais d’ailleurs avoir bientôt du renfort pour m’épauler dans mes missions.”
A quoi ressemble ton poste actuel ? Peux-tu nous parler du secteur dans lequel tu travailles ?
“Je suis secrétaire générale des syndicats français (CSFL) et européens (COFALEC) des producteurs de levure. Il y a donc une dimension internationale dans ce poste que j’apprécie.
Mes missions sont larges : plaidoyer & affaires publiques en France et au niveau de l‘Union européenne, communication, dialogue avec les parties prenantes, gestion de la vie interne des syndicats (organisation des assemblées générales et des conseils d’administration, suivi budgétaire, …). On travaille avec nos experts sur des sujets techniques, l’animation de comités. Il s’agit de gérer la vie de cette petite entreprise et de savoir être à l’écoute de ses membres.
On a tous entendu parler des levures, car c’est grâce à elles qu’on peut faire du pain, du vin ou de la bière. Mais il existe bien d’autres champs d’application beaucoup moins connus dans le domaine de la santé humaine, animale et des plantes :
- Il existe par exemple plusieurs souches reconnues pour renforcer l’imperméabilité intestinale. Des études scientifiques ont documenté leur impact.
- Certaines souches sont utilisées pour créer des bio-fongicides qui permettent de limiter les fongicides chimiques, aux impacts nocifs sur le sol et la santé. Elles agissent comme des champignons bienveillants qui protègent les cultures.
- En alimentation animale, elles sont utilisées comme probiotiques. Comme pour les humains, elles permettent de renforcer le système immunitaire et la flore intestinale. Cela permet de réduire significativement l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.
- Elles constituent également de nouvelles sources de protéines non carnées. Les extraits de levure représentent un apport de protéines intéressant, notamment pour les végétariens. Vivantes, elles permettent de faire fermenter de nouveaux types de protéines (pois, soja) pour produire des fromages végétaux. Dans le pain, elles donnent un goût salé qui permet de réduire la teneur en sel.
Plusieurs de ces applications permettent ainsi de répondre aux enjeux de la stratégie “Farm to Fork” dans le cadre du Pacte vert européen.
C’est un secteur vaste où la France, et plus largement l’Europe, sont des leaders mondiaux. Ce savoir-faire d’origine européenne subit aujourd’hui beaucoup de concurrence chinoise. Il existe trois grands acteurs dans l’Union européenne : Lesaffre, Lallemand et AB MAURI.
Ce sont des sociétés dont la dynamique est portée par l’innovation, par exemple en matière de probiotiques et de bio-fongicides. Elles recrutent régulièrement, notamment en recherche et développement, dans les achats ainsi qu’au sein des fonctions supports, comme n’importe quel grand groupe.”
Quels sont les enjeux du moment dans ton secteur ?
“Je traite actuellement un dossier important en affaires publiques. La production de levures nécessite une importante quantité de produits sucrés qui permet de nourrir ces dernières. Or, le co-produit sucrier que nous utilisons pour cela (la mélasse) est en ce moment dans le collimateur de la Commission Européenne, qui pourrait le flécher pour la production de bioéthanol avancé.
Si cette mesure passe, nous ne pourrons plus nous approvisionner en Europe et devrons importer des mélasses de canne produite en Thaïlande ou au Brésil, avec une empreinte carbone et des coûts démultipliés.
Nous sommes dans un cas de “food vs fuel”, où la décarbonation des transports au niveau européen pourrait se faire au détriment des solutions d’alimentation et d’agriculture durables permises par les levures. Sécuriser l’approvisionnement européen de co-produit sucrier est donc un enjeu vital si l’on veut conserver une production de levures sur le sol européen.
Nos adhérents dans les différents pays s’activent, je contacte des associations environnementales, nous avons fait circuler un communiqué de presse rédigé conjointement avec les corporations de boulangers et brasseurs… Je suis énormément investie sur ce sujet. Et contrairement au projet de défense du glyphosate dans mon précédent poste, je me sens ici alignée dans le combat dans lequel je suis engagée, aussi prenant et stressant soit-il.”
Un conseil à partager ?
“Une petite astuce utilisée lors de mon recrutement : n’indiquez pas votre âge sur votre CV. Cela vous vous donnera une chance de ne pas être “éliminé d’office” si vous avez plus de 50 ans, et de passer une première sélection. Pour ma part, la question de l’âge ne s’est même pas posée par la suite lors de l’entretien !”
Un grand merci, Diane, pour ton témoignage !