Crystelle passe de consultante chez IBM à maraîchère

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Plan de l'article

Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire …

Qui es-tu ? A quoi ressemble ta vie professionnelle ?

« J’ai 42 ans, je suis maraîchère en Normandie depuis un an et demi. C’est l’aboutissement de longues années à chercher ma voie puis la mettre en œuvre.

Mon job est très polyvalent, surtout à l’heure actuelle car je suis encore en train de m’installer, j’ai encore beaucoup à mettre en place. Je suis évidemment quasiment toute la journée dehors, dans le champs ou dans la serre. Je sème, je plante, je désherbe, j’arrose et je récolte, pour faire simple. Mais ensuite viennent les autres tâches : la vente, les livraisons, les achats (de matériels, graines, plants), l’administratif, la tenue de la compta, les formations, et développer ma clientèle, participer à des événements pour me faire connaître… »

Quel est ton parcours et comment s’est passé ton déclic pour chercher ton job de sens ?

« Après le bac, j’ai fait une école de commerce internationale car je voulais vivre à l’étranger. Ce que j’ai fait, j’ai travaillé en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, j’ai fait des missions dans pleins d’autres pays au début en comptabilité puis dans la mise en place d’un progiciel pour une SSII. Ce parcours professionnel c’est un enchaînement d’opportunités que j’ai saisies, il n’était pas planifié : je n’ai jamais rêvé d’être chef de projet chez IBM! Mais j’ai été épanouie professionnellement pendant 10 ans. En 2008 j’ai saturé, mon job n’avait plus de sens, et je devais faire d’énormes efforts pour donner le change, dans ce milieu professionnel très exigeant.

J’ai fait un bilan de compétences, qui m’a orienté vers le développement durable. J’ai suivi une formation continue que j’ai auto financée, en prenant des congés sans solde pour suivre les cours à Paris Dauphine. Cette formation (Master Développement Durable et Organisations) a été une première bouffée d’oxygène, elle m’a permis de sortir la tête de mon boulot, et de monter en compétences sur ce vaste sujet.

Mais au fur et à mesure que je cherchais du travail dans ce domaine, je me suis rendue compte que cette reconversion n’allait pas assez loin pour moi. Passer de l’entreprise à une collectivité et de l’informatique au développement durable n’était pas assez … J’avais envie (besoin?) de faire du concret, de l’utile et rapidement j’ai eu envie de partir « au vert » !

Il y eu plusieurs déclics, des rencontres avec des agriculteurs qui n’étaient pas issus du monde agricole … d’un coup cette voie est devenue possible alors qu’elle n’était même pas dans mon champ des possibles.« 

Comment es-tu arrivée dans ton job actuel ?

« En maraîchage bio, on est soit ouvrier agricole, mais le boulot est très redondant, soit encadrant technique dans une structure d’insertion, là le boulot peut être dur, soit responsable d’exploitation. Je n’ai jamais rêvé ni même imaginé créer mon propre job, ça s’est imposé comme la meilleure et la seule solution pour moi. »

Comment gères-tu ton équilibre vie pro/vie perso ? Comment se déroulent tes journées de travail ? Accepterais-tu de dire quel est ton salaire ?

« Je travaille à la maison ou je vis sur mon lieu de travail, selon la façon de voir les choses! Donc même quand j’ai de longues journées, je n’ai pas 2h de RER … L’équilibre avec la vie perso/vie pro n’est pas un problème pour le moment, j’ai un conjoint compréhensif et j’adore mon job et si fatigue il y a, elle est physique, donc saine.

Actuellement je ne peux pas me verser de salaire. J’espère pouvoir le faire la troisième année. L’objectif est de dégager un smic au bout de 5 ans.« 

Quel serait ton conseil pour quelqu’un qui cherche son job de sens ? Est-ce que ton secteur recrute ?

« Il faut prendre du recul pour cerner précisément ce qu’on cherche, par exemple un job qui a du sens ou un changement de vie … Il faut prendre le temps d’explorer toutes les pistes auxquelles on pense. Tirer le fil jusqu’au bout pour passer ensuite à un autre sans regret. Le temps est bon conseiller, il ne faut pas se précipiter. Rencontrer plein de personnes qui font le métier ciblé et même dans l’idéal aller se tester sur le terrain. Bien identifier les conséquences d’un changement, en termes de conditions de vie, revenu, statut social etc.

Le maraîchage est encore un secteur qui recrute, les installations de maraîchers bio sont nombreuses. Nous sommes encore loin de l’autonomie alimentaire en France au niveau des légumes donc il y a encore des opportunités.« 

As-tu quelque chose d’autre que tu souhaiterais partager ?

« Le cheminement vers un job (et une vie) qui a du sens c’est déjà le début d’une nouvelle vie. Il faut lancer le mouvement, après les choses s’enchaînent et on se réveille un matin les mains dans la terre, sous la pluie, mais le sourire aux lèvres ! « 

Un grand merci Crystelle de ton témoignage !

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