Le marché de l’emploi à impact attire de plus en plus de talents en quête de sens. Mais quels sont les secteurs qui recrutent ? Quels sont les profils les plus recherchés ? Pour mieux comprendre cette dynamique, nous avons interrogé trois acteurs clés du recrutement à impact : Omeva, Orientation Durable et la plateforme Jobs That Makesense.
Une demande en forte croissance, mais un marché contrasté
Depuis le Covid, la demande pour des emplois à impact a littéralement explosé. Comme l’explique Jobs That Makesense :
« La demande a été multipliée par 10 depuis 2020, pour atteindre aujourd’hui plus de 250 000 citoyennes et citoyens qui viennent chaque mois chercher un emploi ou une formation à impact. »
Toutefois, cette croissance n’est pas homogène. Si les candidat·es sont plus nombreux·ses que jamais, les offres, elles, connaissent une baisse depuis mi-2024, notamment dans les associations et certaines entreprises. Omeva constate :
« Après un fort engagement post-Covid, on observe depuis juin 2024 une baisse généralisée des offres, aussi bien dans les associations que dans les entreprises. »
Quels sont les secteurs qui recrutent ?
Les secteurs en tension varient selon les spécificités du marché :
- Les énergies renouvelables et l’aide d’urgence figurent parmi les plus dynamiques en 2024, selon Jobs That Makesense.
- Les entreprises certifiées B Corp et les sociétés à mission continuent de recruter, malgré un contexte économique incertain, d’après Omeva.
- L’humanitaire traverse une crise majeure, avec des baisses drastiques des financements publics dans plusieurs pays, comme l’explique Orientation Durable :
« La suspension d’US AID et les coupes budgétaires en Europe ont entraîné une réduction de 30 % à 50 % des aides au développement. L’impact sur les recrutements est loin d’être la pire des conséquences. »
Les profils et compétences recherchés
Les attentes des recruteurs varient selon les structures :
- Dans les associations : les postes en levée de fonds sont très demandés, en raison des difficultés de financement.
- Dans les entreprises à impact : les profils commerciaux restent stratégiques pour soutenir la croissance. L’automatisation et l’IA prennent également une place croissante.
- Les fonctions financières sont essentielles, notamment dans l’ESS, pour faire face aux défis de structuration économique.
Côté soft skills, plusieurs qualités se démarquent :
- L’expérience est primordiale dans les associations, faute de moyens pour former les nouveaux arrivants.
- La curiosité intellectuelle, la remise en question et l’humilité sont des atouts dans un monde du travail en perpétuel changement, selon Omeva.
- La capacité d’adaptation à une nouvelle culture d’entreprise est un facteur clé, souligne Orientation Durable :
« Sur nos 130 recrutements annuels, la moitié des profils viennent du privé. Leur capacité à comprendre les spécificités du secteur (gouvernance associative, culture militante…) est essentielle. »
Le bilan de compétences, un atout pour les recruteurs
Faire un bilan de compétences peut être un vrai plus pour clarifier son projet et rassurer les recruteurs. Omeva affirme :
« Il permet aux candidat.e.s d’avoir une vision plus claire de leur projet professionnel. Cela rend les échanges plus concrets et constructifs avec les recruteur·euses. »
Pour Orientation Durable, il aide aussi à s’assurer que l’envie d’impact est bien alignée avec la réalité du marché du travail :
« L’une de nos principales inquiétudes est de savoir si la volonté de job avec du sens correspond vraiment au ‘problème du candidat’. »
Perspectives : vers une généralisation des emplois à impact ?
Le marché du travail est en mutation, et la transition écologique et solidaire jouera un rôle central dans les prochaines années. Jobs That Makesense rappelle que :
« 8 millions d’emplois sont ou seront impactés par la transition écologique. Comme ce fut le cas pour la révolution digitale, la redirection écologique va transformer l’ensemble des métiers. »
Cependant, 2025 s’annonce difficile : Omeva prévoit « une année compliquée avec des indicateurs économiques peu encourageants », tandis que Orientation Durable souligne que la variété des modèles économiques dans l’ESS permet une certaine stabilité des recrutements.
Comment trouver un job à impact ?
Voici les conseils des experts :
- Se baser sur ses compétences existantes et ne pas viser un métier totalement nouveau sans expérience.
- Définir ce qu’est un job à impact pour soi : utiliser l’Ikigai, identifier les causes qui nous tiennent à cœur.
- S’inspirer et explorer les offres sur des plateformes comme Jobs That Makesense.
- Se connecter avec l’écosystème, contacter des professionnel.le.s du secteur, faire du bénévolat.
En conclusion, les emplois à impact sont en pleine transformation. Si la demande est forte, le marché impose de la rigueur et de l’adaptabilité aux candidat·es. Un bilan de compétences peut être un excellent point de départ pour réussir cette transition !