Une prise de conscience écologique s’opère très souvent à l’âge étudiant. Effectivement, c’est à cette période de sa vie qu’il est plus facile d’essayer différentes missions et de trouver son fonctionnement. C’est une période durant laquelle on se pose beaucoup de questions, autant sur soi-même, sur qui l’on est, que sur sa future carrière et son orientation professionnelle.
La génération étudiante actuelle est particulièrement sensible aux enjeux climatiques, qui deviennent difficiles à ignorer. Une étude menée par Diploméo a d’ailleurs montré que 94% des jeunes de 18 à 23 ans se disent inquiets, dont 61% très inquiets. Et selon la Consultation Nationale Etudiante 2020, 70% des étudiant.e.s interrogé.e.s considèrent l’impact environnemental comme un critère pour leur recherche d’emploi.
Toutefois, beaucoup d’entre eux ne savent pas exactement comment agir, se sentent impuissants, perdus, et font face à plusieurs blocages au moment de se tourner vers un métier avec une empreinte positive. Alors comment les résoudre et trouver son job de sens après ses études ?
Trouver un job à impact quand on est étudiant.e : se poser les bonnes questions
Lorsqu’on réfléchit à une carrière professionnelle engagée, on peut se demander “Où est-ce que je pourrais trouver un job à impact ?”. Mais souvent, on se concentre sur le « où » : Dans quelle structure postuler ? Où trouver des offres d’emploi ? Qui recrute ?
Et on ne réfléchit pas assez au « je » : Qu’est-ce que j’aime faire ? Quelles sont les causes qui me tiennent à cœur ? Quelles missions pourraient m’épanouir ? Quels sont mes atouts, ma manière de fonctionner ? Effectivement, il est préférable de prendre du recul et partir de sa personnalité, de ce que l’on aime faire, et non du poste pour choisir un métier qui nous convient réellement.
L’important est de définir les compétences et les savoir-faire que l’on a envie de développer, et de trouver des missions dans lesquelles les mettre en pratique. C’est en faisant ce pour quoi on est le plus doué qu’on a le plus d’impact, et qu’on participe à son échelle à faire bouger les lignes et motiver les acteurs traditionnels.
Par exemple, quand une petite entreprise comme Phénix a pris les devants et a proposé des solutions innovantes pour lutter contre le gaspillage alimentaire, elle a fait avancer la loi sur le sujet et inspiré de nombreuses autres entreprises à suivre cette voie. Or si Phénix à pu faire avancer ce combat, c’est grâce à ses employé.e.s qui sont à l’aise chacun.e dans leur domaine, que ce soit en logistique, en démarchage commercial, etc.
L’exemplarité n’est pas une façon d’influencer ; c’est la seule.
Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix 1952
Faut-il faire des études en développement durable pour avoir un job à impact ?
Le premier réflexe d’un.e étudiant.e est souvent de vouloir se tourner vers une formation très spécifique. Mais cela peut être long et coûteux. Alors est-ce vraiment indispensable ?
Il y a deux bonnes raisons de suivre une formation spécifique au développement durable :
- pour avoir un diplôme qui permet d’atteindre un emploi ou un domaine spécifique qui nous fait rêver (et pas celui qu’on fantasme, il faut le connaître), par exemple passer le diplôme de l’Ademe pour accéder au métier de maître composteur.
- pour acquérir des compétences et des savoir-faire précis, comme par exemple la formation de Sinny & Ooko pour créer un tiers-lieu.
Faire une formation de ce type n’est pas obligatoire, mais recommandé pour acquérir des compétences nécessaires pour accéder à certains types d’emplois. Attention cependant, si on s’engage dans une formation sans projet précis en tête, ou par manque de confiance dans ses compétences (syndrome de l’imposteur), le risque est d’investir du temps et de l’argent dans une formation qui ne sera pas adaptée et s’avérera sans issue. De plus, il est inutile de se former pour comprendre tout un secteur, une formation étant plutôt destinée à apprendre un métier et pas seulement à le comprendre.
Dans quels secteurs peut-on avoir le plus d’impact ?
Une erreur que font certain.e.s étudiant.e.s est de penser qu’il n’y a que dans les métiers déjà étiquetés développement durable et environnement que l’on peut avoir de l’impact. Or les emplois des secteurs plus traditionnels sont tout aussi importants pour faire avancer la société.
Par exemple, un métier à fort impact auquel on ne pense pas forcément au premier abord, mais toutefois indispensable, est celui de professeur. L’une de ses missions principales est d’aider les jeunes générations à développer leur potentiel et leur confiance en eux, tout en leur transmettant des valeurs telles que le respect de l’environnement. Les enseignants contribuent ainsi à une société plus juste et durable.
De plus, la récente crise sanitaire a montré que les emplois liés au quotidien (comme le secteur de la distribution alimentaire) ont été moins affectés par le chômage et vont continuer à se développer. C’est le cas des circuits courts, du secteur de l’énergie renouvelable (éolien, solaire), du BTP (déconstruction, isolation), etc. Les secteurs qui subviennent aux besoins premiers de la population sont essentiels et sources de changements profonds et impactants.
Si l’on dispose uniquement de compétences “traditionnelles”, il existe une multitude d’activités qui permettent de les transposer vers un autre secteur et faire ainsi avancer les choses, quel que soit le métier.
Les postes de responsable RSE ou consultant environnement peuvent convenir à certaines personnes, mais ne sont pas adaptés à n’importe quel profil. Pour le métier de consultant RSE, il faudra par exemple aimer faire de l’audit, avoir un bon esprit d’analyse et de synthèse, ne pas avoir une posture militante, etc. C’est pourquoi il est important de connaître toutes les possibilités de missions, même celles qui n’ont pas l’étiquette du développement durable.
Les jeunes veulent-ils vraiment trouver un job à impact ?
Une inquiétude récurrente des étudiant.e.s est que le marché français n’est peut-être pas encore prêt pour soutenir la transition écologique. Pourtant, plus d’un million d’emplois verts seront créés en France d’ici 2050, et 10% de l’emploi salarié se trouve déjà dans l’économie sociale et solidaire !
De plus, on se fait fréquemment une fausse idée du marché du travail. Il faut en effet prendre en compte ce qu’on appelle le marché caché de l’emploi. Seules 30% des offres d’emploi sont officiellement publiées, les autres postes étant pourvus sans passer par une annonce.
Quand ils en ont l’occasion, les recruteurs auront tendance à proposer un poste à des personnes avec qui ils ont déjà échangé et qu’ils ont repéré plutôt que de lancer un processus de recrutement avec offre. Beaucoup de postes s’obtiennent donc grâce à son réseau professionnel.
Les étudiant.e.s craignent parfois une rémunération et une reconnaissance moindre dans l’ESS, en particulier si l’on compare avec certains métiers très rémunérateurs (dans le trading par exemple) mais à impact sociétal négatif. Bien que l’argent ne soit pas le seul critère qui aiguille le choix de son orientation, il est important de prendre le temps de se poser les bonnes questions.
Concernant le niveau de rémunération auquel on aspire, il convient de se questionner sur ses besoins : quelle vie désire-t-on mener, et combien doit-on gagner pour cela ? Par exemple, entre Paris et la province, le prix de la vie n’est pas le même, et les salaires non plus. Pour certains, c’est tout à fait acceptable de gagner moins mais d’avoir moins de dépenses et une meilleure qualité de vie (un rythme moins soutenu, accès au logement facilité, etc).
De plus, le statut social, et donc la reconnaissance, est fortement lié au travail. Il est nécessaire de se demander quelle importance on attache à cela. Par exemple, si l’on travaille dans le droit des affaires, préfère-t-on faire de la fusion-acquisition dans un cabinet d’avocats prestigieux ou bien accompagner juridiquement des structures de l’ESS ?
Étudiants sans expérience : comment décrocher un job à impact ?
Décrocher un emploi quand on est tout juste diplômé.e est loin d’être facile, car la concurrence est souvent rude et l’on manque encore d’éléments à mettre en avant.
C’est pourquoi il faut travailler ses candidatures afin qu’elles soient impactantes, et les adapter à chaque recruteur. Et pour ce faire, il est nécessaire de savoir comment valoriser au mieux son profil et mettre en avant des projets concrets. Très efficace, la méthode STAR permet d’avoir une candidature qui se démarque. Il s’agit de démontrer ses compétences avec des exemples précis, et pour chaque compétence indiquer :
- la situation (le contexte : un stage, un projet personnel, avec qui et où ?)
- la tâche (ce qui était demandé, la mission)
- l’action (ce qui a été réalisé pour répondre à cette tâche)
- le résultat (ce qui montre que l’on a réussi la tâche, par exemple des statistiques ou une publication en ligne)
Cette méthode peut être appliquée autant aux expériences professionnelles qu’aux projets scolaires ou personnels, et donne de la crédibilité aux étudiant.e.s malgré leur jeune âge.
Les candidatures spontanées sont également utiles, à condition d’être correctement ciblées. Il faut prendre le temps de comprendre et connaître son interlocuteur pour pouvoir répondre à ses besoins. Si le recruteur ne se reconnaît pas dans une lettre de motivation, et n’a pas l’impression qu’elle lui est adressée spécifiquement, cela ne l’intéresse que très rarement.
Une autre clé pour décrocher son job de sens quand on a encore peu d’expérience est le réseau. Afin de le développer au mieux, un profil Linkedin est indispensable. Avec cet outil, la construction de son réseau se fait notamment en demandant à ses contacts de premier niveau d’être mis en relation avec les personnes travaillant pour les structures qui nous intéressent. Rester ouvert.e à toutes les propositions et engager des conversations est essentiel pour découvrir un secteur ou un métier.
Il est également important de pratiquer différentes activités en dehors des études, pour son enrichissement personnel, son ouverture d’esprit et pour se démarquer des autres candidats. Que ce soit un engagement associatif, une activité sportive ou un projet extra-scolaire, ils amènent le recruteur potentiel à se faire une meilleure idée sur la personne et ses valeurs.