Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…
Qui es-tu ? A quoi ressemble ta vie professionnelle ?
« Je m’appelle Daisy Cadiou, j’ai 30 ans et suis maman d’un petit garçon de 4 ans. Originaire des Philippines, j’habite à Marseille depuis juillet 2014.
J’ai créé Au Grain Près en juin 2015, après 9 mois de préparation et d’étude de marché. Il s’agit d’une épicerie sur-mesure où tout s’achète au poids avec ses propres contenants. On y trouve principalement des produits alimentaires secs tels que les pâtes, le riz, les céréales, les fruits secs, les épices, les chocolats et confiseries, et des produits liquides comme les huiles, les vinaigres, les vins, mais aussi des produits d’entretien et d’hygiène.
J’ai monté le projet seule et j’y travaille depuis maintenant 2 ans. Être gérante d’une épicerie vrac indépendante consiste à s’occuper des achats jusqu’à la vente en passant par l’entretien des contenants et des locaux, du marketing et de la communication. Cela nécessite d’être très organisé et rigoureux, mais aussi de bien connaître les produits pour renseigner les clients. Il faut bien évidemment être sensible aux enjeux environnementaux, et notamment à la réduction des déchets et du gaspillage alimentaire. »
Quel est ton parcours et comment s’est passé ton déclic pour chercher ton job de sens ?
« Après avoir fait une formation en DUT Gestion des Entreprises et des Administrations spécialisé en Finances et Comptabilité à l’IUT de Sceaux, j’ai continué avec une Licence Professionnelle de Commerce International à la Sorbonne.
A l’issue de ces formations (2 ans passés en l’alternance), j’ai trouvé rapidement et facilement du travail. D’abord en tant que comptable dans une société française fabricant des connectiques, puis en tant que responsable administration des ventes dans une société américaine de transfert d’argent à la Défense, où je gérais 6 personnes.
La mutation de mon mari à Marseille a été pour moi l’opportunité de me lancer dans une autre aventure. J’ai d’abord cherché du travail dans le domaine que je connaissais déjà avant de réaliser que j’avais envie d’autre chose. Je savais que je ne voulais plus les 3 heures de transport que j’avais à Paris.
J’ai toujours rêvé de créer ma propre affaire, mais j’avais envie de faire quelque chose d’utile et qui ressemble plus à mes valeurs, quelque chose dont je peux être fière sans compromettre le relationnel avec les clients. Et l’idée de créer une épicerie sur-mesure à Marseille est venue en repensant à ce reportage vu sur une épicerie vrac à Berlin lorsque j’étais encore salariée. »
Comment es-tu arrivée dans ton job actuel ?
« Il y a déjà quelques éléments de réponse dans la question précédente. Après 9 mois de travail acharné dont une grande partie sur la recherche de fournisseurs, j’ai ouvert Au Grain Près au 3 avenue Pasteur dans le 7e arrondissement de Marseille. Mes formations et mes expériences professionnelles m’ont permis d’être à l’aise dans l’élaboration de l’étude de marché et la réalisation du business plan.
Les petites économies réalisées pendant les années travaillées en tant que salariée et l’appel au financement participatif (crowdfunding) m’ont permis de financer en partie le projet et d’obtenir rapidement les autres financements auprès des établissements de crédit. »
Comment gères-tu ton équilibre vie pro/perso au quotidien ? Peux-tu nous parler de ta rémunération ?
« Le plus dur au début lorsqu’on se lance à son compte, c’est de trouver son équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Être entrepreneure prend énormément de temps, d’énergie, d’investissement financier et physique et ne rime pas avec 35 heures et vacances. Si on gère mal son temps, on peut vite se retrouver débordé, stressé et tout cela a forcément un impact sur la vie de famille.
J’ai de la chance d’avoir un mari qui me soutient à fond dans cette aventure et qui m’aide énormément (port de charges lourdes, réception des marchandises, mise à jour du site internet, mise en place de belles photos et affiches…) en plus de son travail. Mon fils de 4 ans m’aide énormément à déconnecter le soir une fois rentrée à la maison et je m’interdis de travailler le dimanche à la maison, sauf urgence, pour profiter de ma famille.
Je gagnais plutôt bien ma vie à Paris et depuis que je suis à mon compte, c’est un peu plus compliqué financièrement. J’ai eu de la chance de bénéficier de l’allocation chômage pendant un an et demi et depuis quelques mois, je me verse un petit salaire qui me permet tout juste de couvrir les charges personnelles. C’est un peu plus difficile financièrement mais j’ai une meilleure qualité de vie qu’avant. Habiter à Marseille a beaucoup d’avantages, on peut profiter de la mer et du soleil sans dépenser plus quasiment toute l’année.
J’ai aussi fait le choix de prendre un local tout près de mon domicile. Je trouve que c’est un réel atout d’habiter à seulement quelques pas de chez soi : du stress en moins dans les transports, moins de fatigue, la possibilité de rentrer pendant la pause déjeuner. Je conseille aux futurs entrepreneurs de prendre en compte la distance entre domicile et local commercial car cela influe forcément sur la motivation et l’équilibre perso/pro sur du long terme : je n’aurais certainement pas tenu si j’avais les 3 heures de transport que j’avais à Paris.
Je profite de mes heures creuses pour préparer les commandes fournisseurs, les outils de communication et marketing, chercher de nouveaux produits… Cela m’évite au maximum de travailler à la maison et ne jamais me retrouver débordée. La gestion de temps et des priorités est primordiale dans ce métier. »
Un conseil pour quelqu’un qui cherche son job de sens ? Ton secteur recrute-t-il ?
« Il faut oser prendre des risques dans la vie mais cela mérite beaucoup de travail sur soi et de réflexion bien mûrie. Un projet se prépare et nécessite une analyse de marché. Savoir sortir de sa zone de confort est parfois nécessaire pour pouvoir réaliser le métier dont on rêve.
Il est aussi important d’être bien entouré : des proches qui nous soutiennent, des professionnels qui nous accompagnent. Par exemple, il me paraît difficile de faire son job de sens si le conjoint n’approuve pas cette idée ou de continuer un projet qui n’a pas d’apport financier suffisant.
Le secteur du vrac se développe de plus en plus en France depuis 2 ans et on peut être facilement tenté de se lancer dans cette aventure. Le métier « d’épicier vrac » ne nécessite pas de formation spécifique mais il faut être avant tout impliqué et convaincu par le concept. Être sensible aux questions environnementales et engagé dans la démarche de réduction des déchets ne suffit pas, il faut aimer le relationnel, avoir des bases de gestion, être créatif et très rigoureux. On vend des aliments et on se doit de respecter les règles d’hygiène et de bien veiller à la qualité de ses produits.
C’est un métier dont je suis très fière où la reconnaissance est une belle récompense ! Je sais pourquoi je travaille et je suis contente de me lever tous les matins malgré les difficultés et le stress permanent ! Enfin, je pense que mon optimisme m’aide à rester en pleine forme et à garder le sourire, je suis aussi sans cesse à la recherche de nouveautés. En fait, j’ai un grand besoin d’être stimulée en permanence et je trouve génial de pouvoir enfin décider moi-même de ce que j’ai envie de faire pour l’épicerie, un vrai épanouissement professionnel mais aussi personnel. »
As-tu quelque chose d’autre que tu souhaiterais partager ?
« Après 2 ans d’activité, je viens de lancer un nouveau projet : Au Grain Près en vélo triporteur ! Cela va me permettre d’avoir de nouveaux challenges et de gagner en visibilité. J’espère conquérir de nouveaux clients de cette façon. Avoir de nouveaux projets permet de rester motivé et d’éviter la routine. »
Un grand merci, Daisy, pour ton témoignage !