Maître composteur, un métier d’avenir

Plan de l'article

Chaque français produit 580 kg de déchets par an en moyenne, selon l’Ademe. La gestion des déchets est donc un enjeu environnemental majeur, qui nécessite des changements significatifs de stratégie. Face à ce défi, le gouvernement a notamment adopté la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire)  qui impose la collecte et le traitement des biodéchets à la source à compter du 1er janvier 2024. Cette obligation favorise le développement de nouveaux métiers encore peu connus il y a quelques années, tels que celui de maître composteur. Dans cet article, des professionnels du compostage et des membres du Réseau Compost Citoyen (RCC) témoignent. Le Réseau Compost Citoyen est une association qui rassemble les acteurs de la filière, accompagne le développement de celle-ci partout sur le territoire et fait la promotion du compost citoyen sous toutes ses formes.

Maître mot : le compost

Saviez-vous que 40% des déchets (selon l’Ademe) que nous jetons chaque jour sont des déchets alimentaires provenant de notre cuisine ? Aujourd’hui, la majorité d’entre eux sont incinérés ou enfouis. Certains ne peuvent effectivement pas être valorisés, mais d’autres peuvent être transformés en amendement durable pour renaturer nos sols. C’est pourquoi il est crucial de réduire leur volume et de les gérer en proximité.

Le compostage est une solution écologique et efficace pour valoriser ses déchets alimentaires mais aussi ceux du jardin (qui constituent tous des biodéchets). Le compost est ce qu’on obtient une fois la décomposition naturelle de la matière organique terminée. C’ est un amendement très intéressant pour nourrir les cultures hors-sol ou en pleine terre. Il permet d’enrichir la terre de manière naturelle et de réduire la quantité de déchets alimentaires qui va à la poubelle. 

Pour Florian Nouvel, chargé de la coordination et la communication du RCC, “la boucle de l’alimentation ne serait pas bouclée s’il n’y avait pas cette case “retour au sol” qui est essentielle.” 

Composter c’est :

Pour Florian Nouvel, chargé de la coordination et la communication du RCC, “la boucle de l’alimentation ne serait pas bouclée s’il n’y avait pas cette case “retour au sol” qui est essentielle.”

Maître, Guide, Référent : quelles différences ?

Devenir référent de site

Si le secteur du compostage vous intéresse, vous pouvez commencer par une mission bénévole, comme l’explique Cécile Foissac, chargée de mission du dispositif de formation du RCC : “En tant que citoyen, il est possible de commencer par être référent du site de compostage. Par exemple, si vous habitez dans une résidence d’immeuble, vous pouvez vous mobiliser à titre bénévole pour aider au suivi, à l’entretien, au fonctionnement du site de compostage qui va être installé en pied d’immeuble. Il est possible de bénéficier de formations proposées par certaines collectivités.”

Le rôle d’un guide composteur

Le métier de guide composteur consiste à aider les référents de site dans le processus de compostage. Il peut être responsable de plusieurs sites au sein d’une même zone ou collectivité. Son rôle est de s’assurer que les éléments ajoutés respectent les proportions nécessaires pour avoir un bon compost. 

Les guides composteurs travaillent principalement sur le terrain et ont également pour mission de maintenir des liens et créer un réseau avec les différents acteurs. Ils ont une forte connaissance de leur territoire et entretiennent une relation de proximité avec les habitants. Leurs deux grandes activités sont donc de communiquer auprès du grand public et de mettre en place la gestion des biodéchets et les dispositifs matériels associés.

Les missions d’un maître composteur

Le maître composteur a une vision territoriale large et globale ce qui lui permet de déterminer l’emplacement des différents sites de compostages. En d’autres termes, il doit pouvoir répondre à la question « Pourquoi monter une opération de compostage à cet endroit ou dans cette zone ? » Le métier de maître composteur a un aspect d’organisation et de pilotage qui demande d’avoir une vision stratégique afin que le fonctionnement des sites sur une zone ou sur un territoire se déroule correctement. 

Il a un rôle de référent technique, mais aussi d’animateur auprès de ses relais de terrain (le réseau des guides composteurs et référents de site), qu’il conseille et forme. Il est responsable de la mise en œuvre opérationnelle des actions de prévention et de gestion de proximité des biodéchets. C’est pourquoi il doit être capable de faire un diagnostic biodéchet d’un territoire et d’analyser le fonctionnement des sols. Il connaît les différentes techniques de compostage et sait les mettre en place sur le terrain. 

L’une de ses missions principales est également d’accompagner et conseiller les pouvoirs publics dans leurs politiques publiques de gestion des déchets. Le maître composteur est amené à rencontrer et échanger avec beaucoup d’acteurs de son territoire. Leur écosystème est très développé et diversifié : référents de site, guides composteurs, maîtres composteurs, éco ambassadeurs, maires, élus, service développement durable, services techniques, service espaces verts, écoles, administrés, etc.

L’une de ses missions principales est également d’accompagner et conseiller les pouvoirs publics dans leurs politiques publiques de gestion des déchets. Le maître composteur est amené à rencontrer et échanger avec beaucoup d’acteurs de son territoire. Leur écosystème est très développé et diversifié : référents de site, guides composteurs, maîtres composteurs, éco ambassadeurs, maires, élus, service développement durable, services techniques, service espaces verts, écoles, administrés, etc.
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Des membres du RCC témoignent de leur expérience

Florian Nouvel, qui a lui-même été maître composteur avant de travailler pour le RCC, témoigne : “J’ai eu plusieurs missions qui sont à la fois de l’accompagnement de terrain (comme faire du porte à porte) ainsi que de la sensibilisation pour installer des sites de compostage. Ce métier comprend aussi tout un volet de conseils aux élus pour leur proposer des schémas de mise en place de gestion des déchets sur le territoire.”

Agnès Peyrot (promo 21 du parcours Mon Job de Sens), maître composteur indépendante, exerce des missions similaires : “Je travaille auprès d’écoles, de maisons de retraite, de résidences qui souhaitent avoir un diagnostic et installer un site de compostage dans leur établissement. Je forme les référents de site et j’anime quelques modules guide composteur. J’anime également des réunions d’information à destination d’élus et d’habitants. Pour ça, je m’appuie sur des supports pédagogiques qui par exemple présente la composition d’un compost, les animaux, ce qu’il faut y mettre pour l’alimenter, etc. Enfin, une grande partie de mon travail consiste à répondre à des appels d’offres.”

Des liens étroits existent donc entre ces trois fonctions puisque ce sont les guides qui répartissent le travail des référents de sites et les maîtres qui définissent celui des guides.

Des liens étroits existent donc entre ces trois fonctions puisque ce sont les guides qui répartissent le travail des référents de sites et les maîtres qui définissent celui des guides.

Les qualités d’un maître composteur

Etre maître composteur nécessite certaines compétences et qualités indispensables : 

  • Aimer le contact humain, et donc avoir un fort intérêt pour les autres et une aptitude à faire du lien entre différents acteurs
  • Savoir lever les freins et donc avoir une forte capacité de persuasion, accompagnée d’une bonne communication car on peut être confronté à un public parfois réticent
  • Connaître l’écosystème du compostage et en comprendre les différents enjeux et acteurs

Pour Didier Chambon (promo 41), éco-conseiller à la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, “il n’y a pas besoin de compétences extraordinaires pour travailler dans le compostage. Beaucoup de curiosité et d’envie, c’est déjà un grand début.”

Comment se former au métier de maître composteur ?

Une professionnalisation importante de ce métier apparaît depuis quelques années pour deux raisons : 

  • Une demande croissante des collectivités territoriales pour répondre aux nouvelles réglementations
  • Une hausse du nombre de personnes qui souhaitent entreprendre une reconversion professionnelle dans ce secteur

Différents types de formations existent. Selon les besoins et les envies, il est possible de commencer par devenir référent.e puis guide composteur pour terminer par maître. A noter qu’à partir de 2024, la certification de guide composteur sera obligatoire pour accéder à la formation de maître composteur. 

Les organismes de formation sont une soixantaine, répartis sur l’ensemble du territoire français. Ils s’appuient sur un référentiel commun, défini et validé par l’Ademe et le Réseau Compost Citoyen. Des informations sur la formation et la certification sont disponibles sur leur site web.

Devenir référent de site en tant que bénévole

Plusieurs organismes proposent la formation de référent de site de compostage. Sur une journée, elle comporte un module obligatoire “S’initier à la gestion domestique des déchets de jardin et déchets de cuisine : principes, techniques, pratiques” et une spécialisation au choix parmi 6: 

  • Gestion intégrée des déchets verts
  • Compostage partagé
  • Compostage autonome en établissement
  • Lombricompostage
  • Compostage des toilettes sèches
  • Lutte contre le gaspillage alimentaire

A la suite de cette formation, le référent de site de compostage est capable d’informer les usagers du site (immeuble, résidence, établissement) sur l’opération et les consignes d’utilisation du matériel de compostage.

Agnès Peyrot “recommande vraiment de vous tourner vers vos syndicats de collecte et traitement des déchets de vos collectivités pour savoir si des formations de référents de site existent près de chez vous. Cela vous permet de suivre pendant une journée une formation théorique et pratique pour commencer à vraiment comprendre les gestes techniques ainsi que l’animation du territoire.”

Devenir guide composteur 

La formation permettant de devenir guide composteur dure une semaine. Elle est composée de 8 modules dont 3 fondamentaux : 

  • Maîtriser les principes techniques et pratiques de la gestion domestique des déchets de jardin et des déchets de cuisine
  • Informer les différents publics
  • Définir le rôle et les missions du guide-composteur

On retrouve ensuite 6 spécialisations (identiques à celles du référent de site). Elle a pour objectif de faire découvrir le B.A.BA du compostage, la gestion d’un compostage partagé en établissement, la gestion intégrée des déchets verts ainsi que tout un volet communication. 

La formation guide composteur est devenue certifiante et éligible au CPF. Le financement via Pôle Emploi et/ou via la Région est également ouvert. 

Devenir maître composteur

La formation de maître composteur se déroule sur 7 jours. Elle est également organisée par modules :  

  • Spécificités techniques pour le maître-composteur
  • Animer et mettre en place des opérations de prévention et de gestion de proximité des biodéchets
  • Informer les différents publics
  • Mobiliser et accompagner les relais de terrain
  • Conduire et évaluer un projet de prévention et de gestion de proximité des biodéchets sur un territoire. 

Dans le cadre de cette formation, un mémoire professionnel est demandé, qui se termine par une soutenance. 

La formation maître composteur est devenue certifiante et éligible au CPF. Le financement via Pôle Emploi et/ou via la Région est également ouvert.

Quelles sont les organismes qui emploient ?

Le maître composteur est dans 99% des cas salarié (dans l’autre cas, il est bénévole). Il peut être embauché par des entreprises, des associations, des coopératives ou par des collectivités au sein du service déchet.

De plus en plus de collectivités et d’organismes du secteur privé recrutent des maîtres composteurs et dans les années à venir, beaucoup de postes seront à pourvoir dans ce domaine d’activité. De nombreuses entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire, qui accompagnent les collectivités, recrutent des guides composteurs pour mettre en œuvre des projets de terrain.

Il est également possible de devenir maître composteur en auto-entreprise, comme Agnès Peyrot qui retrace son parcours professionnel : « J’ai pu démarrer avec une première formation chez DM Compost comme guide composteur. Puis, j’ai commencé à travailler comme indépendante, avant de suivre une nouvelle formation pour devenir maître composteur. Au quotidien, je travaille comme salariée au sein d’une organisation et je réalise en parallèle des missions à mon compte. »

Ressources supplémentaires

Le RCC propose sur son site des fiches techniques en accès libre sur différents volets du compostage, ainsi que plusieurs vidéos sur les métiers de la PGprox (Prévention et Gestion de proximité des biodéchets).

Les formations P-G-Prox qu’est-ce que c’est ? De Réseau Compost

Autres ressources : 

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