Ils ont trouvé leur job de sens : leurs conseils

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Plan de l'article

Entre 2017 et 2021, nous avons accompagné près de 350 personnes en quête de sens dans leur travail. Elles ne sont pas coachs mais leurs retours sont au moins aussi précieux que tout ce que nous pourrons vous apporter. Parce qu’ils vous ressemblent et qu’ils ont osé suivre le lapin dans le terrier, comme Alice au Pays des Merveilles. On les appelle les transitionneurs : celles et ceux qui ont réalisé une transition professionnelle pour la transition écologique. Nous sommes nombreux à rechercher cette vie qui redonne espoir en l’avenir. A vouloir travailler pour payer les factures, mais aussi pour s’épanouir et pour construire une société qui nous fait envie. Eux l’ont fait, et partagent avec nous leurs meilleurs conseils !

Prendre le temps de la réflexion

Avant de foncer tête baissée et sauter sur la moindre offre d’emploi étiquetée “développement durable”, les transitionneurs recommandent de prendre le temps de se poser les bonnes questions et affiner un peu sa réflexion. Même si vous n’avez pas toutes les réponses, “prévoir de vrais temps d’introspection réguliers” est une bonne pratique selon Clément, jeune diplômé d’école d’ingénieur et militant écologiste. 

“A chacun.e de définir sa fréquence. Ce n’est pas évident au début, mais ça devient ensuite un outil précieux. S’asseoir à son bureau ou aller dans un endroit calme pour faire le point : Quelles questions reviennent souvent ? De quoi ai-je besoin en ce moment ? Qui peut m’aider ? Quels objectifs pour les prochains mois ?”

Pour Renaud, qui a créé en 2019 sa propre agence digitale d’éco-conception web et GreenIT, NovaGaïa, “si vous voulez agir pour la transition par votre travail, demandez-vous si vous êtes plus à même de le faire en faisant changer les choses dans votre job actuel, ou bien en partant pour un autre projet.”

L’objectif est d’arriver à identifier ce que vous aimez faire, ce qui vous tient le plus à cœur et ce à quoi vous souhaitez contribuer. “Et ce n’est pas forcément déterminer dans quelle entreprise vous allez travailler, mais vraiment vous interroger sur ce qui vous fait vous sentir bien et ce que vous aimez faire. Je sais que c’est compliqué de répondre à ces questions et de savoir ce qui correspond exactement à ce qu’on a envie de faire” reconnaît Alice, responsable du développement national chez Murfy, une startup qui propose un nouveau service de réparation d’électroménager.

“Mais on peut aussi prendre la chose à l’envers : qu’est-ce que je déteste faire et qu’est-ce que je ne veux surtout pas ? J’ai personnellement commencé par cela, et dès que je retourne vers des choses dans lesquelles je ne me sens pas bien, je m’en rends compte immédiatement et je fais en sorte de les enlever de mon quotidien.”

Pour prendre du recul sur sa situation, Marc, spécialiste de la rénovation et l’efficacité énergétique des bâtiments, réalise un exercice régulier : celui d’écrire ses points d’étapes. “Pour cela, je me pose 3 questions : 

  • Qu’est ce que j’ai fait depuis l’étape précédente et est-ce en ligne avec ce que j’avais prévu au départ ?
  • Quel est mon sentiment sur ma situation actuelle ?
  • Quelles sont les prochaines étapes ?

Cela me permet de voir là où j’en suis, comment je trace mon chemin, quelles portes s’ouvrent ou se ferment devant moi…”

Oser et dépasser ses peurs

Pour tous, dépasser ses peurs et oser se lancer est l’état d’esprit fertile nécessaire pour pouvoir avancer. Essayons, au pire ça marche ! C’est la phrase que Gabrielle a retenu de la fondatrice de Rejoué, l’association de réemploi de jouets dans laquelle elle travaille aujourd’hui. 

“Elle exprime pour moi le fait qu’il est important de tenter au-delà de ses peurs. Qu’une expérience réussie ou non est toujours une occasion d’apprendre, et que le pire, c’est de passer sa vie à se demander : Et si je l’avais fait ?”

C’est aussi la vision d’Antoine, pour qui “le plus grand risque est de ne jamais prendre sa chance !” Cet entrepreneur de l’économie circulaire a ainsi quitté son poste de salarié dans l’IT pour créer Ma petite couche, un service de couches lavables engagé dans le zéro déchet.

“Quand on commence à se poser la question de son job de sens, c’est que l’on va opérer une transformation. Alors il ne faut pas trop laisser ses peurs agir comme des freins. Travailler sur ses peurs permet d’avancer plus vite et de voir plus clairement où l’on souhaite aller” confirme Solenn, co-fondatrice de Mélibée, une structure qui accompagne les organisations professionnelles dans leur transformation écologique et solidaire.

Selon Pauline, qui travaille à l’Office des Nations Unies à Genève, “avec du travail, de la persévérance, une grande volonté et de l’optimisme, c’est possible. A vous aussi de croire en vos capacités pour surmonter les obstacles. Suivez votre intuition, allez vers ce qui vous plait réellement, et soyez en accord avec vos valeurs. Avancez sans vous préoccuper de l’avis des autres ou de votre milieu social !”

Pour cela, “faites confiance à vos intuitions, à votre ressenti et à qui vous êtes.” comme le dit Simon, project manager chez ipso santé, qui repense le soin de proximité.

 

Source : Doran Erickson, Unsplash

S’entourer des bonnes personnes pour vous soutenir

Il est donc important de bien vous entourer pour garder cette dynamique et booster votre motivation. “Trouver son job de sens, ça vient de beaucoup de discussions, de rencontres, d’échanges, et de réflexions.” Le premier conseil d’Alice, “c’est de ne pas hésiter à parler de vos envies professionnelles autour de vous.” 

“Mais pas avec n’importe qui, précise Clément. Trouvez qui, parmi vos proches et vos connaissances, va pouvoir vous écouter objectivement sans faire de projections ou vous transmettre ses peurs”.

Les rencontres que Nelsina a faites tout au long de son parcours jusque chez Landestini, une association qui souhaite reconnecter les personnes à la terre, à la nature et à la ruralité, ont été précieuses pour elle. 

“Pendant toutes ces années où je cherchais à affiner ma place dans la société, j’ai eu des piliers amicaux qui m’ont soutenue dans mes questionnements (qu’est-ce que je veux, qu’est-ce que j’ai envie d’incarner ?) et m’ont permis d’en arriver là où j’en suis aujourd’hui. Avoir des gens à vos côtés qui sont là pour vous encourager, c’est vraiment un plus.”

Et c’est d’autant plus vrai si vous vous lancez dans l’entrepreneuriat, comme Amel, coach-thérapeute qui accompagne les personnes souffrant de troubles alimentaires. “Entourez-vous de personnes qui, comme vous, sont dans cette envie de contribuer, et si vous voulez vous lancer à votre compte, qui sont aussi dans une logique entrepreneuriale.

Aujourd’hui, je me rends compte que les gens qui m’entourent sont des entrepreneures qui sont dans la même énergie et dynamique que moi. Donc ne restez pas seul.e ! On a besoin d’être soutenu.e dans les moments de doute et de fatigue.”

 

Source : Perry Grone, Unsplash

Développer son réseau

Le point commun de la plupart des transitionneurs ? Ils ont pris soin de cultiver leur réseau.  “Il faut rencontrer du monde, interroger celles et ceux qui nous inspirent” nous dit Solenn. Alice par exemple participait à de nombreuses conférences sur des sujets qui lui tenaient à cœur (l’écologie, l’éco-féminisme, etc.) qui lui a permis de rencontrer beaucoup de personnes. “J’essayais d’être curieuse et ouverte d’esprit.”

“Même s’ils n’ont pas les réponses à vos questions, ça permet de mettre des mots sur ce que vous cherchez, de voir si les autres vous comprennent : ça clarifie les idées, c’est incroyable !” renchérit Clément.

Contacter des professionnels pour affiner son projet professionnel

Outre le fait de “rester ouvert aux rencontres et aux opportunités” (dixit Clotilde, cheffe de projet économie circulaire), il s’agit aussi d’aller interroger des personnes sur le terrain, comme Laurène, qui a travaillé pour le projet Energy Observer. “Dans le domaine de l’environnement, j’ai recherché plein de structures et me suis mise en contact avec de nombreuses personnes pour leur demander d’échanger sur leur métier. C’est intéressant d’avoir ce type de démarche pour démystifier un poste ou un secteur, recevoir des conseils et commencer à mettre un pied dans un milieu qu’on connaît pas ou peu.”

Même chose pour Simon qui détaille sa stratégie : “Les gens sont bienveillants, et vont souvent vous aider car ils trouvent le projet courageux, donc il ne faut pas hésiter à demander à les rencontrer et à leur poser des questions. Ils seront contents de parler d’eux et de leur travail. Très peu de personnes vont dire non à un entretien téléphonique de 30 minutes. 

J’ai contacté des amis et des membres de ma famille en leur posant des questions sur le secteur de la santé, et certains ont pu me mettre en relation avec d’autres personnes qui pouvaient m’aider dans cette voie, et ainsi de suite… De fil en aiguille, à force de construire son réseau, on affine son projet, en procédant par élimination. 

J’ai par exemple assez vite compris que j’avais besoin d’un univers assez entrepreneurial dans lequel je pourrais toucher à tout. Lorsqu’on fait un entretien, je conseille de toujours ressortir avec de nouveaux contacts pour pouvoir embrayer.”

Utiliser LinkedIn pour ouvrir des opportunités

“Les outils de réseautage comme LinkedIn sont formidables, cela permet d’ouvrir son réseau.” remarque Laurène. C’est grâce à ce réseau social que Diane travaille aujourd’hui pour le syndicat européen des levures, qui oeuvre notamment pour un système alimentaire plus juste et écoresponsable. 

“J’ai cherché à me rendre visible et être beaucoup plus active sur LinkedIn. C’était un effort pour moi, mais je me suis donnée comme routine de relayer régulièrement du contenu en lien avec les domaines qui m’intéressaient et de travailler activement mon réseau. Mes efforts ont fini par payer : un cabinet de recrutement m’a contactée par ce biais pour me proposer un poste (celui que j’occupe actuellement) !”

Même cas pour Clotilde. “J’ai échangé avec une personne sur des sujets qui m’intéressaient (l’agriculture urbaine, la ville durable), et cette dernière m’a recommandé une association qui traitait ces enjeux. 

J’ai donc ajouté sur LinkedIn plusieurs salariés de cette association et l’une d’entre eux m’a contacté pour discuter. Finalement, après avoir étudié mon profil, elle m’a dit qu’elle cherchait quelqu’un pour la remplacer pendant son congé maternité. C’est comme ça que j’ai trouvé mon poste actuel chez Orée !”

Agir, tester, apprendre

C’est en faisant qu’on apprend. Cette formule s’applique particulièrement aux transitions professionnelles. Pour Tristan, fondateur de Déclic Écologique, cabinet de conseil en RSE, “il faut s’ouvrir au maximum, aller dans des conférences, participer à des ateliers sur les thématiques qui nous plaisent, s’engager dans des associations ou des mouvements informels tels que les villes en transition ou les Colibris, et faire !

Agir, car cela donne de la satisfaction personnelle et permet de voir ce que l’on aime ou pas. Il faut sortir de chez soi, partager, échanger… C’est vraiment le moment de tester tout ce qui nous attire, car c’est comme ça que l’on apprend et que l’on fait le tri. Il ne faut pas hésiter à commencer un projet, et finalement s’apercevoir que ce n’était pas ça. Se tromper fait grandir.”

“Avoir des activités en parallèle de votre vie professionnelle, qu’elles soient bénévoles ou non, en lien ou non avec votre carrière, c’est quelque chose que j’encourage !” ajoute Clotilde. Alors qu’elle était en recherche d’emploi, elle a justement cofondé de façon bénévole Les Impactrices, un collectif de femmes qui inspire, accompagne et connecte les actrices de la transition environnementale et sociétale.

“Pour ma part, mon expérience bénévole m’a été très utile et m’a fait un bien fou. Je conseillerais à n’importe qui, juste pour faire un test, de s’impliquer dans une association qui lui tient à cœur. On apprend beaucoup de choses sur soi. » confirme Clément.

 

Source : Helena Lopes, Unsplash

Salarié.e ou entrepreneur.e : l’étape du démarrage

Recherche d’emploi : soigner sa candidature

Si vous êtes à la recherche d’un poste salarié, vous allez sans doute postuler à des offres. La méthode qui fonctionne le mieux : préférer la qualité à la quantité, pour se démarquer aux yeux des recruteurs.

Comme Gabrielle, qui a tout fait pour être repérée par les recruteurs de Rejoué. “Pour cette offre, j’ai tout donné ! J’avais déjà envoyé une trentaine de candidatures, sans que l’envoi de mon CV ne donne lieu à un entretien. Quand j’ai vu cette annonce, j’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté. J’ai réalisé une lettre de motivation ultra personnalisée (ce que je faisais déjà pour les autres offres, mais j’ai travaillé celle-ci encore plus). 

Je me suis mise en relation sur LinkedIn avec la personne chargée du recrutement ainsi que la directrice de l’association. J’ai remarqué que cette dernière connaissait Laura de Mon Job de Sens, à qui j’ai demandé de me recommander (j’avais déjà réalisé une mission bénévole en communication pour elle auparavant). Et j’ai postulé à l’offre sur toutes les plateformes sur lesquelles elle se trouvait.”

“Au final, je pense que c’est l’authenticité de ma démarche qui les a convaincus. ajoute Laurène. Je crois que ça se ressent quand on fait des candidatures “pour faire des candidatures”, et quand on a une motivation profonde qui nous anime et qu’on est prêt à prendre des risques. 

C’est l’envie et la motivation qui font que l’on se démarque auprès des recruteurs. Il ne faut pas hésiter et avoir le culot de contacter des personnes, et leur montrer votre intérêt et ce que vous pouvez apporter pour leur projet. Finalement, on n’a rien à perdre ! Si vous faites des candidatures spontanées, faites-le avec conviction. Ciblez des structures qui vous intéressent vraiment.”

Se lancer à son compte : être accompagné.e par une CAE

Se lancer dans un projet entrepreneurial peut faire peur au début : incertitude des revenus, gestion administrative, etc. C’est pourquoi de nombreux entrepreneurs rejoignent une Coopérative d’Activités et d’Emploi. 

“Le but de ce type de structure est de faciliter la vie des entrepreneurs. Ceux-ci deviennent salariés de la CAE qui mutualise leur chiffre d’affaires respectif. Ainsi, on conserve le statut de salarié (avec les avantages associés), on bénéficie d’un accompagnement au développement de son activité, tout en rencontrant des personnes dans la même dynamique que soi” explique Diane.

Marc, lui, a rejoint une CAE spécialisée dans les métiers du bâtiment et l’écoconstruction, Alter-Bâtir, basée à Paris. Celle-ci rassemble des professionnels de métiers différents qui souhaitent développer leur propre activité tout en évoluant dans un cadre collectif et en bénéficiant d’un statut de salarié. Cela permet notamment de bénéficier d’une période d’accompagnement au lancement de son activité.”

Renaud peut quant à lui se concentrer sur son cœur de métier, le numérique responsable. “Je ne passe pas mon temps à prospecter, et tant mieux, parce que c’est quelque chose que je ne sais pas faire. C’est plutôt les gens qui viennent me trouver. Grâce à la CAE, j’ai dès le début rencontré beaucoup de personnes qui m’ont mis en relation ou qui avaient directement besoin de mes services.”

Soigner son équilibre de vie

Enfin, ils sont nombreux à souligner l’importance de préserver un bon équilibre de vie, en s’accordant du temps en dehors de son travail. 

“Quand on a une activité qui nous intéresse et qui nous fait vivre, on se dit qu’il faut y consacrer tout son temps. Mais je conseille de garder du temps pour soi pour ne pas tomber dans l’excès et éviter le burnout du militant. Il faut trouver un rythme décent pour pouvoir respirer.” préconise Marc.

Il est rejoint par Solenn : “Mon équilibre vie professionnelle – vie personnelle est super important bien sûr. Dans ma vie dans l’humanitaire, j’ai eu plusieurs phases de grande fatigue liées à une surcharge professionnelle, et je ne veux plus revivre ça. Je suis assez organisée pour que mes soirées et weekends soient libres pour ma vie personnelle (sauf période exceptionnelle où il faut travailler davantage).”

“Ne mettez pas de côté votre qualité de vie, vos passions et votre bien-être, car ceci n’est pas tenable dans la durée.” ajoute Pauline. Cela peut être, comme Nelsina, de négocier un contrat à plein temps de 35 heures, mais sur quatre jours seulement. 

“Je suis quelqu’un qui bosse et qui ne s’arrête pas. C’est difficile pour moi de déconnecter (surtout quand on travaille sur les réseaux sociaux !) donc je voulais un jour off dans la semaine pour pouvoir mener des réflexions et avancer dans ma vie privée : cultiver un potager, animer des fresques océanes, organiser mon changement de vie entre la banlieue parisienne à la campagne, etc.”

Amel fait un rappel important : “prenez du temps pour vous, même si ce n’est pas toujours facile. Étant dans un secteur d’activité où je donne énormément aux autres, je suis mon propre outil de travail. Si je tombe malade, il n’y a plus d’activité. Prenez soin de vous, déconnectez, sortez, voyez vos amis, ne vous oubliez pas !”

Faire transition professionnelle et écologique, une période riche et fertile

Ils se rejoignent sur un dernier point, résumé par Clotilde : “même si le fait d’être en transition n’est pas toujours simple, c’est aussi très riche comme période. Il y a une part d’exploration, de rencontres et de découverte qui est absolument incroyable. Tout est ouvert, il se passe plein de choses”. Elle se rappelle de cette période comme « l’univers des possibles.” Pour Thibaut, conseiller des magasins du réseau Biocoop, “la période de recherche d’emploi et de changement de secteur d’activité est passionnante. C’est un moment pendant lequel on se repositionne, on se remet en question et on va de l’avant pour trouver le boulot de ses rêves.”

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