Aymeric, “mon expérience bénévole a nourri ma transition professionnelle”

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Plan de l'article

Afin de vous aider à trouver le job de sens qui est fait pour vous, des heureux travailleurs ont gentiment accepté de partager un bout de leur histoire…

Qui es-tu ?

“Je m’appelle Aymeric, je vis à Paris et suis co-créateur de la Fresque de la sobriété énergétique. Après une carrière dans le journalisme, je travaille aujourd’hui chez Sobre Énergie, qui aide les entreprises à réaliser des économies d’énergie et réduire l’empreinte carbone de leurs bâtiments. Je m’occupe de la sensibilisation et la formation aux enjeux énergie climat, à la sobriété énergétique et à l’impact des usages/consommations sur les bâtiments.” 

Quel est ton parcours et quel a été ton déclic ?

“J’ai travaillé pendant 15 ans  dans le journalisme télé. A travers mes reportages, vidéos ou articles, j’ai essayé de sensibiliser les citoyens aux enjeux écologiques. Mais au sein d’une chaîne d’information, ce n’était jamais la priorité, il y avait toujours d’autres actualités qui prenaient le pas.

 Au bout d’un moment, j’ai senti que j’avais besoin de sensibiliser autrement qu’à travers mon métier de journaliste. J’ai donc profité d’un plan de départs volontaires dans l’entreprise pour faire cette transition, que j’ai démarré avec un accompagnement chez Mon Job de Sens.” 

Comment s’est passée ton expérience avec Mon Job de Sens ?

“J’ai suivi le parcours collectif en 100% visio. Malgré la distance, la magie a opéré et cela a été très enrichissant humainement. Depuis, j’ai participé à quelques événements organisés par Mon Job de Sens à la Maison du Zéro Déchet, où j’ai pu rencontrer Laura, la fondatrice, ainsi que d’autres transitionneurs de la région parisienne. 

A ce moment-là, j’avais le sentiment d’être à un carrefour, avec plein de chemins possibles. Être accompagné m’a permis d’affiner mes choix et prendre la bonne direction pour moi. Une des possibilités était de rester dans le journalisme et me tourner vers des médias spécialisés. Mais ça ne me suffisait plus aux vues de l’urgence climatique. 

C’est là que j’ai découvert la Fresque du Climat. Animer des ateliers de sensibilisation, devenir facilitateur pour embarquer le plus de personnes possibles dans la transition écologique, c’est ce qui me parlait le plus. Mon Job de Sens m’a permis de mettre en lumière mon appétence pour apprendre et transmettre.  Ce n’était pas une découverte mais je ne l’avais pas forcément identifié comme un talent à exploiter au niveau professionnel.” 

Qu’as tu fait ensuite ? Comment es-tu arrivé dans ton job actuel ?

“J’ai eu l’opportunité de reprendre une formation longue et j’ai réalisé un master en développement durable et RSE sur 9 mois à l’université de Haute Alsace en partenariat avec International Terra Institute à Paris. Je sais que la question de l’intérêt ou pas de refaire une formation se pose souvent. Comme j’adore apprendre, j’étais en plein dans mon élément et c’était hyper stimulant intellectuellement. 

Et en parallèle,  je me suis engagé comme bénévole pour la Fresque du Climat. D’abord animateur, je suis ensuite devenu formateur et j’ai rejoint l’équipe de référents sur Paris. M’impliquer dans cette activité a été un vrai plus dans mon cheminement. Il n’y a pas eu d’annonce pour le poste que j’occupe actuellement. Ce qui a permis mon recrutement, c’est cette expérience bénévole, et le fait d’avoir développé mon réseau, sur les conseils de Mon Job de Sens.

A l’issue de ma formation en master, je n’étais pas du tout spécialisé. Je n’avais pas de compétences particulières dans le domaine du bâtiment. Mais j’ai pris le temps de faire plusieurs entretiens réseau et enquêtes métiers. De fil en aiguille, j’ai contacté sur LinkedIn une personne qui était “directrice de l’engagement” car cet intitulé de poste m’intriguait. Nous avons eu un échange ensemble. 

Celle-ci m’a expliqué ses missions chez Sobre Énergie, et j’ai parlé de ce que j’avais appris et expérimenté à travers ma formation et au sein de la Fresque du Climat. Cela m’a permis de démontrer à la fois mon engagement personnel dans la transition mais aussi des compétences dans le domaine de la facilitation et de la sensibilisation.

L’entreprise en développement avait besoin de quelqu’un pour déployer des outils innovants de sensibilisation et s’occuper de la formation en interne pour les clients. J’ai donc rejoint cette société qui accompagne des collectivités et des entreprises pour déployer des démarches de sobriété énergétique dans leurs bureaux ou bâtiments administratifs. Grâce à un logiciel de management énergétique, nous analysons leurs données de consommation et proposons des équipements moins carbonés ou des travaux.”

Tu peux nous en dire plus sur ta structure, ton métier ?

“Nous sommes environ 35 collaborateurs aujourd’hui. L’un de nos clients principaux est le groupe La Poste. Nous sommes beaucoup tournés vers les collectivités (communes, départements, agglomérations). Mais nous accompagnons aussi de plus en plus d’entreprises privées, une tendance portée à la fois par l’impératif écologique et par la flambée des prix de l’énergie. 

Il y a plusieurs pôles au sein de l’entreprise :  

  • Un pôle opérations, avec des energy managers qui analysent les données de consommation des bâtiments et déterminent les priorités d’action. C’est la partie technique, avec des profils ingénieurs. 
  • Un pôle engagement (dont je fais partie), chargé d’imaginer des outils de sensibilisation et de formation pour engager les équipes de nos clients dans une démarche d’éco-gestes et de sobriété. 
  • Un pôle commercial pour démarcher de nouveaux clients

Il y a toute une dimension comportementale pour embarquer l’ensemble des occupants de ces bâtiments dans cette démarche. Il s’agit de les sensibiliser aux enjeux énergétiques, et de leur montrer que l’on peut adopter des modes de consommation plus sobres, pour peu qu’on arrive à rendre cette sobriété désirable. 

L’idée, c’est de faire dialoguer les différentes parties prenantes, par exemple les occupants de bureaux (dont l’énergie n’est pas la priorité au quotidien), le personnel technique chargé de la gestion et l’exploitation du bâtiment, mais aussi les managers, les référents RSE. Cela permet de faire plus facilement passer les messages pour mettre en place des bonnes pratiques. 

Et pour cela, nous utilisons différents outils : des challenges, des campagnes d’affichage, etc. En tant que responsable formation, je contribue à la conception de ces outils de sensibilisation, et c’est ainsi que j’ai co-créé la Fresque de la sobriété énergétique.”

En quoi consiste la Fresque de la sobriété énergétique ?

“Nous avons repris ce qui fait la force de la Fresque du climat, sa dimension participative et ludique, en l’adaptant au sujet de la sobriété. Elle permet d’interroger les usages énergétiques d’un bâtiment (chauffage, éclairage, équipement informatique…) de mettre en évidence les consommations que cela engendre, et voir comment réduire celles-ci par des leviers de sobriété et d’efficacité, voire avec des énergies renouvelables lorsque des travaux sont envisageables.

Mais l’atelier de la Fresque est un point de départ. Il faut ensuite continuer l’accompagnement et les actions de sensibilisation, assurer un suivi et mesurer les évolutions et les résultats dans le temps.

L’idéal, c’est d’accompagner une structure au moins sur un an pour réaliser un premier bilan sur son bâtiment et travailler sur des thématiques saisonnières. Plutôt sur le chauffage quand l’automne et l’hiver arrivent. Au printemps, tout ce qui est numérique, challenge, grand ménage, et quand arrive l’été, climatisation.”

Comment s’est passée ta période de transition professionnelle, notamment sur le plan financier ?

“J’ai quitté mon emploi de journaliste en novembre 2020 et j’ai démarré l’accompagnement Mon Job de Sens dans la foulée, qui dure 3 mois. En janvier, j’ai démarré mon master, qui s’est déroulé sur toute l’année 2021. Et j’ai été embauché en début d’année 2022 dans ma nouvelle entreprise. Cela représente donc à peu près une année de transition. 

Étant parti dans le cadre d’un plan de départs volontaires, j’ai bénéficié d’un congé de reclassement, c’est-à-dire que le coût de ma formation était pris en charge et je continuais à toucher une partie de mon salaire. Cela m’a donc permis d’avoir un filet de sécurité financier pour m’engager dans une formation longue ainsi que dans une activité bénévole. Et si je n’avais pas retrouvé directement du travail ensuite, j’aurais basculé dans le régime Pôle Emploi.

Tout s’est donc plutôt bien enchaîné, mais il faut dire que j’ai fait le nécessaire pour y arriver, en développant activement mon réseau et en m’impliquant bénévolement. Tout cela m’a pris du temps mais m’a permis de monter en compétence et de diminuer mon syndrome de l’imposteur. On y est tous sujets quand on fait une reconversion professionnelle !

Au début, j’étais dans l’idée de changer de métier, de faire une reconversion et repartir d’une page blanche. Or, quand on apprend à mieux se connaître, on se rend compte qu’il vaut mieux réutiliser ses compétences et ses talents naturels. Dans mon cas, il y a tout une partie de mes compétences liées à mon cursus qui ont joué en ma faveur lors de mon recrutement, comme la communication, la prise de parole, la rédaction, la veille d’actualités, etc.  

Ma formation et mon expérience bénévole ont permis de renforcer cette base, de compléter mes compétences. Ce que je faisais auparavant est donc énormément utile dans mon nouveau poste.”

Tu peux nous parler de ton engagement auprès de la Fresque du Climat ?

“J’ai découvert la Fresque comme simple participant, et j’ai tout de suite trouvé l’outil génial. Je me suis formé pour animer des ateliers pour mon entourage, comme les autres étudiants de mon master. Au bout d’un an, je me suis engagé comme référent bénévole. 

L’association a un référent par département, excepté Paris qui en compte 5. Avec les autres référents, notre rôle était de trouver des partenariats avec différents lieux pour accueillir de manière régulière des ateliers. Nous avons organisé des événements pour intégrer les personnes dans la communauté et faire vivre celle-ci. Nous répondons aussi à beaucoup de demandes de particuliers, d’associations ou d’entreprises qui nous sollicitent pour animer des ateliers.

Il y a un système de montée en compétences des animateurs, avec des ceintures attribuées en fonction du nombre de fresques animées. Il y a aussi l’apprentissage des différents formats (Fresque quizz, Fresque junior). On peut ensuite prétendre à devenir formateur, qui permet de former les nouveaux animateurs ou bien fresqueur professionnel, pour intervenir en entreprise, de manière rémunérée cette fois-ci. Certains se spécialisent alors dans un secteur particulier (finance, bâtiment, transports, …).  

Les fresqueurs professionnels peuvent être des consultants à leur compte. Lorsqu’ils animent un atelier, ils reversent 10% de la prestation à l’association pour le droit d’utilisation de la licence. De plus en plus, l’association reçoit des demandes directement de la part d’entreprises qu’elle relaie auprès de la communauté des formateurs et animateurs professionnels.

Le concept originel de la Fresque du Climat, qui donne une vision macro du changement climatique, a été décliné sur plein de sujets plus spécifiques : le numérique, la biodiversité, l’alimentation, les océans, les forêts, etc. Il y a aujourd’hui au moins une bonne vingtaine de déclinaisons, dont celle sur la sobriété énergétique..”

Des conseils à donner pour se lancer en quête de son job de sens ?

“Ma première recommandation serait de chercher à s’engager bénévolement. Même si c’est plus compliqué quand on est en poste, mais je crois que c’est un vrai plus lors du recrutement de pouvoir témoigner d’une expérience bénévole significative. Cela atteste de la motivation et de la connaissance des enjeux de la personne, même si celle-ci n’a pas forcément toutes les compétences techniques.

Le second élément à avoir en tête, c’est la force du réseau. Il faut savoir que la majorité des postes sont pourvus sans qu’une offre d’emploi soit publiée. C’est le fameux “marché caché” de l’emploi. De mon côté, j’ai pris le temps de consulter l’annuaire de la communauté Mon Job de Sens pour solliciter des “anciens” et échanger avec eux. Ils ont tous été réactifs, c’était hyper précieux pour avoir un contact, une porte d’entrée dans une structure, entendre parler éventuellement d’un besoin avant même que l’annonce ne soit formalisée.”

Est-ce que ton secteur recrute ? 

“Dans le secteur du bâtiment, on voit souvent des profils avec des compétences techniques sur la gestion des flux énergétiques, qu’on appelle économes de flux ou responsables énergie, notamment dans les collectivités ou les entreprises. Ce type de métiers est amené à se développer de plus en plus face à la crise climatique mais aussi avec la flambée des prix de l’énergie. Tout cela amène en effet les structures à prendre conscience que l’énergie n’est pas abondante et bon marché, et qu’il s’agit de l’économiser.  elle sera tendanciellement de plus en plus chère et donc il faudra l’économiser. 

Et plus récemment, on voit apparaître une demande pour des chefs de projet sobriété énergétique. J’ai échangé avec plusieurs collectivités, qui ont créé des postes de ce type en interne. C’est un métier où l’on cherche évidemment à économiser la consommation d’énergie d’un bâtiment, mais aussi à mobiliser les ressources humaines et piloter le changement au sein de la structure. On cherchera donc de plus en plus des personnes avec des connaissances en énergie, mais surtout en conduite du changement, qui savent fonctionner en mode projet. Les structures trop petites pour accueillir ces compétences en interne iront les chercher auprès de prestataires d’accompagnement, comme les cabinets de conseil.”

Un dernier mot ?

“Le bâtiment, c’est 44 % de la consommation énergétique totale en France. Je contribue pour l’instant à réduire cet impact dans ce secteur, mais les enjeux de sobriété énergétique sont tout aussi importants dans les domaines des transports et de l’alimentation, les 2 autres postes principaux de notre empreinte carbone.. 

Récemment, l’Etat s’est engagé à former les fonctionnaires à ces questions. L’enseignement supérieur a aussi compris qu’il fallait intégrer la dimension transition écologique dans les programmes. La prise de conscience se généralise et on constate que les besoins de formation et de sensibilisation à ces enjeux sont de plus en plus forts. Je suis heureux d’y contribuer grâce à la Fresque et à mon travail. Pour tous les autres transitionneurs, cela va créer de nombreuses opportunités et on aura besoin de toutes les bonnes volontés pour agir plus largement !”

Un grand merci, Aymeric, pour ton témoignage !

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